Des groupes de défense des libertés civiles et de lutte contre le racisme ont demandé à la Metropolitan Police d'abandonner son projet d'utiliser la technologie de reconnaissance faciale en direct (LFR) lors du Carnaval de Notting Hill cette année. Dans une lettre adressée au commissaire de la Met, Sir Mark Rowley, 11 organisations ont qualifié la LFR de "outil de surveillance de masse" qui considère tous les participants comme des suspects potentiels.
Ces groupes ont exprimé leur déception face à la réintroduction de cette technologie lors d'un événement culturel majeur à Londres. Ils ont également souligné que la LFR pourrait être "moins précise pour les femmes et les personnes de couleur". En réponse, la Met affirme que la LFR est précise et équilibrée en termes d'ethnicité et de genre, et qu'elle contribuera à la sécurité des festivaliers.
Les organisations, y compris Liberty et Big Brother Watch, ont mentionné un examen judiciaire en cours, initié par Shaun Thompson, un Londoniens noir qui prétend avoir été identifié à tort par le système. La lettre indique qu'il n'existe pas de base légale claire pour l'utilisation de la LFR par la police. Aucun texte de loi ne mentionne cette technologie, et le Parlement n'a jamais examiné son usage.
Le Carnaval de Notting Hill célèbre spécifiquement la communauté afro-caribéenne britannique, mais la Met choisit d'utiliser une technologie ayant un historique bien documenté d'erreurs et de biais raciaux.
Une étude de 2023 du National Physical Laboratory a révélé que le système NeoFace utilisé par la Met était moins précis pour les femmes et les personnes de couleur, en fonction de l'algorithme utilisé. Les auteurs de l'étude ont constaté que le système pouvait présenter des biais à des seuils inférieurs, bien que la Met affirme que les réglages plus élevés qu'elle utilise garantissent une performance équitable.
Ces seuils correspondent aux niveaux de confiance que le système utilise pour déterminer une correspondance. Des seuils plus bas signalent plus de personnes, mais augmentent le risque d'erreurs, tandis que des seuils plus élevés sont plus stricts et équilibrés. Les défenseurs des droits affirment qu'il n'y a pas d'obligation légale pour la police d'éviter les seuils inférieurs.
Le commissaire adjoint Matt Ward, en charge de l'opération de police pour le Carnaval, a déclaré que la LFR avait conduit à plus de 1 000 arrestations depuis le début de 2024. Il a également mentionné que des tests indépendants avaient montré que le système était "précis et équilibré en ce qui concerne l'ethnicité et le genre".
Le Carnaval de Notting Hill, qui peut attirer jusqu'à deux millions de personnes, sera surveillé par environ 7 000 policiers chaque jour. Ward a souligné que la priorité de la police est de garantir la sécurité des participants, en particulier contre la violence grave, comme la violence liée aux couteaux.
Le Carnaval de Notting Hill se déroulera le week-end prochain, et la Met a reçu la lettre des groupes de défense des droits. Ward a indiqué que la police répondra en temps voulu. Les caméras de LFR seront utilisées à l'approche et au départ du Carnaval, mais pas à l'intérieur de l'événement. L'objectif est d'identifier et d'intercepter ceux qui pourraient représenter un risque pour la sécurité publique avant qu'ils n'atteignent les rues bondées.