Miles Pattenden, un expert reconnu sur l'Église catholique au Royaume-Uni, se trouve à Rome pour la prochaine élection du nouveau Pape. Historien associé à l'Université d'Oxford, il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Electing the Pope in Early Modern Italy. Son expertise sur les conclaves est très appréciée, et cette fois-ci, il apporte son éclairage sur les attentes entourant ce conclave.
Ce conclave suscite de nombreuses attentes car il représente un référendum sur le passé et l'avenir de l'Église. Les cardinaux cherchent souvent à corriger ce qu'ils perçoivent comme des manquements chez le prédécesseur. Ils se concentrent davantage sur les défauts que sur les vertus du Pape sortant, ce qui influencera leur choix de successeur.
Les progressistes apprécient certains aspects du papauté de François, notamment son approche pastorale. Cependant, ils souhaitent des changements doctrinaux plus significatifs. De leur côté, les conservateurs craignent une accélération des réformes et aspirent à un retour à des doctrines plus traditionnelles.
La rivalité entre modernistes et traditionalistes est un aspect visible, mais la situation est plus complexe. Par exemple, les cardinaux africains sont souvent progressistes sur des questions sociales, tout en maintenant des positions morales conservatrices. Cette diversité rend les discussions internes plus compliquées.
François avait un talent pour créer des coalitions, mais son départ laisse les cardinaux face à leurs propres divisions. Ils doivent maintenant naviguer entre des opinions divergentes et des lignes politiques à défendre.
La maladie de François a ouvert un débat sur sa succession. Les cardinaux, conscients de l'évolution de la situation, ont commencé à discuter de l'avenir. Bien qu'ils n'arrivent pas toujours avec un candidat précis, ils ont des lignes politiques qu'ils souhaitent explorer.
La question de savoir dans quelle mesure un Pape peut influencer l'élection de son successeur est cruciale. Bien que 80 % des cardinaux aient été nommés par François, ces nominations ne reflètent pas toujours des affinités idéologiques claires.
Parolin est souvent cité comme le favori pour succéder à François. Il a été proche de ce dernier et connaît bien les cardinaux. Cependant, son implication dans des accords controversés peut lui coûter des soutiens.
Le cardinal Luis Antonio Tagle, surnommé le "François asiatique", est également un candidat charismatique. Néanmoins, ses compétences administratives sont remises en question, ce qui pourrait influencer la décision des cardinaux.
La possibilité d'élire un Pape italien après plus de 50 ans est un sujet de débat. Certains estiment qu'un Pape africain ou asiatique pourrait améliorer l'image de l'Église. Cependant, un Pape italien pourrait faciliter le compromis entre les différentes factions.
Le risque d'élire un Pape anti-François ou un Pape MAGA est également présent. Bien que cela surprenne, les cardinaux préfèrent généralement éviter de critiquer leurs prédécesseurs. Le contexte actuel du populisme complique encore plus cette dynamique.
Le prochain conclave pourrait être court, mais les enjeux sont considérables. Les cardinaux sont conscients que le monde les observe. Un conclave prolongé pourrait renforcer l'image d'une Église divisée et en crise. Les décisions prises auront des répercussions profondes sur l'avenir de l'Église catholique.