Le cinéaste Enrique Palacio affirme que ce qui compte, c'est ce que nous ne voyons pas lorsque nous regardons. Cette idée, partagée avec Santiago Sierra, vise à définir le sens ultime de l'œuvre de cet artiste conceptuel espagnol. Souvent perçu comme provocateur, il se contente de mettre en lumière l'absurdité de notre réalité.
Le documentaire récemment présenté au Festival de Málaga illustre cette vision. Il s'intitule "Santiago Sierra", et met en avant la manière dont l'artiste change notre perspective sur le monde. Le réalisateur explique que l'œuvre de Sierra nous confronte à l'absurde de notre société, nous permettant ainsi de voir ce que nous ignorons habituellement.
À travers une série de témoignages, la filmographie retrace le parcours de cet artiste qui a refusé le Prix National des Arts Plastiques en 2010. Des voix telles que celle de la galeriste Helga de Alvear et du directeur du Reina Sofía, Manuel Segade, enrichissent la compréhension de son travail.
Santiago Sierra aborde le terme provocateur qui lui est souvent attribué. Selon lui, la presse considère tout ce qui suscite de l'intérêt comme une provocation. Il déclare que des gestes simples, comme ne pas applaudir le roi, peuvent être perçus comme tels. Pour Sierra, ces réactions sont souvent exagérées et destinées à attirer l'attention.
Il exprime également sa préférence pour que son visage reste en retrait, afin que l'accent soit mis sur son œuvre plutôt que sur sa personne. Ce choix artistique reflète son désir de se distancier des attentes médiatiques et de concentrer l'attention sur le message de son art.
Santiago Sierra évoque les difficultés rencontrées par les artistes en Espagne, un pays où l'histoire est souvent taboue. Il souligne que la société a du mal à faire face à son passé, notamment en ce qui concerne la Guerre Civile et le colonialisme. Ces enjeux sont rarement abordés dans le discours public, ce qui complique la création artistique.
Il évoque la nécessité de décoloniser les musées, affirmant que les institutions doivent reconnaître leur histoire. Les musées, selon lui, sont souvent des lieux de vol et de propagande, et ce n'est qu'en reconnaissant ces réalités que l'on pourra avancer.
Concernant le mouvement de l'extrême droite, Sierra le décrit comme un phénomène militariste qui cherche à provoquer des tensions. Il met en garde contre la montée de la violence dans le discours politique et souligne l'importance de rester vigilant face à ces développements.
Il conclut en soulignant que l'art doit être un reflet de la réalité, et qu'il est essentiel de montrer les injustices et les souffrances de notre temps. Pour lui, l'art doit servir à éveiller les consciences et à susciter des réflexions profondes.
En somme, l'œuvre de Santiago Sierra est un puissant outil de réflexion sur notre société. À travers son art, il nous invite à voir au-delà des apparences et à questionner notre réalité. Son documentaire est une exploration nécessaire des enjeux contemporains, et un appel à l'action pour un avenir plus conscient.