Un récent mouvement dans le secteur nucléaire espagnol a été déclenché par une consultation de Bruxelles. Cette initiative vise à déterminer le montant et la manière d'investir dans l'industrie nucléaire européenne. L'objectif est de combler les lacunes dans l'approvisionnement et d'éviter une crise imminente de main-d'œuvre.
Ce qui est crucial ici, ce ne sont pas seulement les détails de la consultation, mais les problèmes qu'elle met en lumière. La Commission européenne semble rassembler des arguments pour soutenir un renouveau du nucléaire, impliquant des investissements publics significatifs et une flexibilité dans le cadre des aides d'État supervisées par la commissaire Teresa Ribera.
Les entreprises nucléaires espagnoles, conscientes de la pression croissante sur le gouvernement, commencent à évaluer leur contribution. Iberdrola, Endesa, Naturgy et EDP, qui possèdent le parc nucléaire, ont deux semaines pour soumettre leurs besoins d'investissement à Bruxelles. Actuellement, leurs équipes analysent les termes de la consultation.
Une source du secteur a souligné que « la réponse devrait être unifiée ». Si le calendrier de fermeture reste inchangé, il n'y aurait pas beaucoup à dire sur le personnel et les investissements, deux éléments cruciaux en cas d'extension. La voix principale pourrait être celle du Forum nucléaire, qui n'a pas encore envoyé de réponse à Bruxelles.
Les délais imposés par le référendum nucléaire de Bruxelles compliquent les discussions pour un éventuel front commun. Les propriétaires de la centrale d'Almaraz n'ont pas prévu de finaliser une proposition commune avant le 20 mai. Parmi les options envisagées, une mini-prolongation jusqu'en 2030 est sur la table.
Le réacteur d'Almaraz est en tête de liste pour le shutdown. Son refroidissement débutera en 2027, atteignant un point de non-retour en juin. Les acteurs du secteur estiment qu'il est essentiel de faire pression sur Bruxelles uniquement si des options d'extension de la durée de vie des centrales espagnoles sont envisageables.
L'accord de fermeture progressif signé en 2019 était motivé par un engagement idéologique anti-nucléaire. Aujourd'hui, l'enjeu est devenu économique. Les entreprises réclament une réduction des impôts sur l'énergie nucléaire pour rendre les réacteurs rentables. Le gouvernement, quant à lui, souhaite éviter des surcoûts pour les finances publiques et les consommateurs.
De plus en plus de voix techniques s'accordent à dire que la stabilité du système électrique national ne peut se passer de l'énergie nucléaire. Le résultat de la consultation de Bruxelles pourrait influencer les décisions des entreprises électriques, accentuant la nécessité d'un soutien économique.
La Commission européenne rappelle que l'initiative vise à fournir une évaluation approfondie des besoins d'investissement dans le secteur nucléaire de l'UE. Ce processus permettra de mettre à jour pour la première fois en huit ans le Programme indicatif nucléaire (PINC). La version précédente, lancée en 2017, était centrée sur la sécurité des réacteurs après l'accident de Fukushima.
La consultation actuelle représente un changement de cap, se concentrant sur la compétitivité, l'accessibilité et la sécurité de l'approvisionnement en Europe. Bien que Dan Jørgensen, le commissaire danois à l'énergie, soit en charge des investissements, ceux-ci devront passer par l'approbation de Teresa Ribera, responsable des questions de concurrence.
En somme, le secteur nucléaire espagnol se trouve à un carrefour crucial. Les décisions prises dans les prochaines semaines pourraient avoir des répercussions majeures sur l'avenir énergétique du pays. Le soutien économique et la collaboration entre les acteurs du secteur seront essentiels pour naviguer dans cette transition complexe.