Le 18 janvier, environ 7 000 personnes ont parcouru près de deux kilomètres entre la mairie d'Almaraz et la centrale nucléaire du même nom. Cette marche visait à protester contre la fermeture du premier réacteur, prévue pour novembre 2027. Le second réacteur suivra en octobre 2028, selon un calendrier déjà établi.
Bien que ce plan ait été ratifié par le gouvernement et les entreprises électriques, des voix s'élèvent pour demander la continuité de l'énergie nucléaire. Ces demandes émergent dans un contexte où la dépendance au gaz a augmenté suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La transition vers les énergies renouvelables en Espagne est plus que jamais une réalité. Le pays attire des entreprises désireuses de profiter de l'énergie propre et à bas coût. Les centres de données et l'intelligence artificielle sont devenus des enjeux géopolitiques, renforçant l'importance de cette transition.
Ismael Clemente, le CEO de Merlin Properties, a récemment plaidé pour la continuité des opérations de la centrale. Il a annoncé un projet de deux grands centres de données en Extremadura, une région qui produit plus d'électricité qu'elle n'en consomme, grâce notamment aux réacteurs d'Almaraz.
Malgré la vigueur du débat sur l'arrêt de l'énergie nucléaire, la réalité est que la continuité de l'énergie atomique n'est pas directement liée aux centres de données. Marta Castro, directrice de l'Association des Entreprises d'Énergie Électrique (Aelec), souligne que la fermeture de la centrale ne compromet pas la fiabilité de l'approvisionnement électrique.
Castro affirme qu'il existe une offre suffisante pour répondre à la demande en Espagne. Elle identifie trois facteurs clés qui attirent les centres de données vers le pays : l'énergie abordable, l'espace disponible pour les infrastructures et les excellents indicateurs de sûreté énergétique.
La position géographique de l'Espagne facilite l'importation d'informations via des câbles sous-marins. Cela permet de relier le pays à d'autres marchés européens. Castro souligne que les centres de données actuels sont plus efficients et consomment moins d'énergie que par le passé.
La flexibilité de leur consommation permet d'optimiser l'utilisation de l'énergie solaire pendant les heures de pointe. Pour 2030, leur consommation pourrait atteindre entre 9 et 16 TWh, soit entre 2 % et 7 % de la demande totale d'électricité en Espagne.
Almaraz I, le réacteur le plus ancien d'Espagne, a été mis en service en 1983. Il génère environ 3 % de l'électricité du pays, tandis que le parc photovoltaïque Núñez de Balboa, situé à Usagre, produit environ 832 GWh par an. Cela représente une petite fraction par rapport à la production d'Almaraz.
La comparaison entre ces sources d'énergie n'est pas simple. La centrale nucléaire offre une sûreté d'approvisionnement que les énergies renouvelables, souvent intermittentes, ne peuvent pas garantir. En 2024, la centrale a été disponible pour produire de l'électricité 83,27 % du temps.
La planification énergétique en Espagne fait face à des défis, notamment le développement du stockage d'énergie. Le Plan National Intégré de l'Énergie et du Climat (PNIEC) prévoit d'installer 22,5 GW d'énergie renouvelable d'ici 2030. Actuellement, il y a 6,4 GW de stockage, principalement hydraulique.
Castro insiste sur la nécessité d'investir dans les réseaux électriques. Elle souligne que ces investissements doivent être perçus comme des opportunités pour le développement économique et la création d'emplois, tout en permettant de réduire les coûts pour les consommateurs.
Le débat autour de la centrale nucléaire d'Almaraz et de l'avenir énergétique de l'Espagne est plus pertinent que jamais. Alors que le pays s'engage vers des énergies renouvelables, la sécurité d'approvisionnement et la flexibilité des systèmes énergétiques demeurent des enjeux cruciaux. La transition énergétique doit être soigneusement planifiée pour garantir un avenir durable.