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Les filles de service assassinées au Pakistan pour avoir volé du chocolat, relâché un perroquet ou perdu un balai misérable

Publié le : 19 avril 2025

La tragédie d'Iqra

Iqra a été torturée jusqu'à la mort. Son autopsie a révélé des fractures aux jambes et aux bras, ainsi qu'une forte contusion à la tête. À seulement 13 ans, elle travaillait comme employée domestique à Rawalpindi, la quatrième ville la plus peuplée du Pakistan. Tragiquement, elle a été assassinée par ses employeurs, un couple avec huit enfants, après avoir été accusée d'avoir volé une tablette de chocolat.

Iqra est décédée à l'hôpital en raison de ses multiples blessures. Ce cas, survenu en février dernier, a suscité une vague d'indignation dans un pays où, selon les rapports de l'UNICEF, plus de trois millions d'enfants travaillent, dont un pourcentage significatif parmi les 8,5 millions d'employés domestiques.

Le travail des enfants au Pakistan

Selon l'Organisation Internationale du Travail, un foyer pakistanais sur quatre emploie une travailleuse domestique, souvent une fille âgée de 10 à 14 ans. Iqra a commencé à travailler à l'âge de huit ans, lorsque son père, accablé par les dettes, l'a forcée à nettoyer des bureaux. En 2023, elle a été engagée par Rashid Shafiq et sa femme Sana, pour un salaire dérisoire de 25 euros par mois.

Le rapport de police indique que "Iqra a été torturée après avoir été accusée de vol de chocolat". Les abus sont fréquents, comme en témoigne le cas d'une autre employée domestique, Zahra, qui a également subi des violences à Rawalpindi. Ces incidents soulignent la gravité de la situation des enfants travailleurs dans le pays.

Les lois et la réalité

Les lois sur le travail des enfants interdisent explicitement l'emploi de mineurs de moins de 15 ans comme employés domestiques. Pourtant, la réalité est bien différente. "Les normes culturelles et les rôles de genre traditionnels limitent l'accès des filles à l'éducation", explique Asher Hasan de Naya Jeevan. Cela les pousse à effectuer des tâches domestiques et à contracter des mariages précoces, perpétuant ainsi le cycle de pauvreté.

Les derniers chiffres de la Banque Mondiale montrent que 40% des Pakistanais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation désespérée contraint de nombreuses familles à envoyer leurs filles travailler comme domestiques, souvent dans des conditions inhumaines.

Les conséquences tragiques

Depuis 2010, plus de 140 cas d'abus, de viols et de meurtres d'enfants travailleurs domestiques ont été signalés. Entre 2010 et 2020, 96 filles ont été violées et 44 assassinées, selon un rapport d'organisations pakistanaises de protection de l'enfance. L'année dernière, une fillette de neuf ans, Fatima Furiro, a été tuée par son employeur, un événement qui a choqué le pays.

Les cas de torture et de meurtre d'enfants, comme celui d'Ayesha, une fille de 12 ans, continuent d'émerger. Ces tragédies soulèvent des questions sur la protection des enfants au Pakistan et sur l'impunité dont bénéficient souvent les agresseurs.

Appel à la justice

Rashid et Sana, les meurtriers d'Iqra, pourraient ne jamais être jugés s'ils parviennent à un accord avec la famille de la victime. La mère d'Iqra a exprimé son désespoir, déclarant : "Je demande justice pour cette brutalité". En vertu de la législation pakistanaise, les victimes peuvent pardonner aux suspects, souvent en échange d'un accord financier.

Ce système favorise l'impunité, laissant de nombreuses familles, souvent très pauvres, accepter des compensations au lieu de voir leurs agresseurs condamnés. Bien que quelques cas aient conduit à des condamnations, comme celui d'un couple en 2018, la majorité des victimes restent sans justice.

Conclusion

La mort d'Iqra est un rappel tragique de la réalité des travailleuses domestiques au Pakistan. Il est crucial de sensibiliser le public et de renforcer les lois pour protéger ces enfants vulnérables. La lutte contre le travail des enfants nécessite un engagement collectif pour garantir un avenir meilleur et plus sûr pour tous les enfants.

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