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Le cinéaste africain pionnier et lauréat de Cannes décède

Publié le : 20 février 2025

Décès du cinéaste malien Souleymane Cissé

Le cinéaste malien Souleymane Cissé, reconnu comme un pionnier du cinéma africain, est décédé à l'âge de 84 ans. Sa fille, Mariam Cissé, a confirmé son décès dans une clinique à Bamako, exprimant sa tristesse face à la perte d'un homme ayant consacré sa vie au cinéma et à l'art. La cause de sa mort n'a pas été annoncée.

Cissé a acquis une reconnaissance internationale en 1987 lorsque son film Yeelen (La Lumière) a remporté le Prix du Jury au Festival de Cannes. Cela a fait de lui le premier cinéaste d'Afrique subsaharienne à obtenir un prix dans ce festival prestigieux. Sa carrière, qui a duré plus de 50 ans, a été jalonnée de nombreux distinctions.

Une carrière marquante

En 2023, Cissé a été honoré par le Festival de Cannes avec un Carrosse d'Or, une récompense généralement attribuée aux réalisateurs ayant marqué l'histoire du cinéma par leur audace et leurs normes exigeantes. Il était également double lauréat du grand prix du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui se tient chaque année au Burkina Faso.

À l'époque de son décès, il devait se rendre au Burkina Faso pour présider le jury du festival, qui s'ouvrait ce samedi. Ses contributions au récit africain ont suscité de nombreux hommages, notamment de la part du ministre de la Culture du Mali, Mamou Daffé, qui a déploré la perte d'un "monument du cinéma africain".

Un engagement profond

Les amateurs de cinéma ont salué les œuvres de Cissé pour leur complexité, leur engagement politique et leur profonde humanité. Son premier long-métrage, Den Muso (La Jeune Fille), tourné en 1975 dans la langue locale bambara, est considéré comme un classique africain. Ce film aborde le thème de la violence faite aux femmes et a été interdit par les autorités maliennes.

Après avoir été emprisonné pour avoir accepté un financement français, Cissé a écrit le scénario de son deuxième film, Baara (Travail), tout en étant incarcéré. Il a également réalisé d'autres films, notamment Finyè (Le Vent) en 1981 et Waati (Temps) en 1995.

Un visionnaire pour l'industrie cinématographique

Né à Bamako, Cissé a passé une partie de son enfance au Sénégal. Il a ensuite étudié le cinéma à Moscou, devenant l'un des premiers cinéastes africains de sa génération. Il a toujours plaidé pour un soutien gouvernemental à l'industrie cinématographique, se positionnant comme le président fondateur de l'union représentant les entrepreneurs du cinéma et des arts audiovisuels en Afrique de l'Ouest.

Souvent critique des obstacles à la diffusion du cinéma africain, il a dénoncé la censure et le mépris, encourageant les jeunes cinéastes à rechercher leur indépendance financière. Peu avant son décès, il avait appelé le gouvernement militaire du Mali à aider l'industrie cinématographique à rattraper ses rivaux continentaux.

Conclusion

Souleymane Cissé laisse derrière lui un héritage immense dans le monde du cinéma africain. Sa vision et son engagement pour l'art continueront d'inspirer les générations futures. La communauté cinématographique pleure la perte d'un véritable pionnier dont l'impact sera ressenti pendant des années.

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