Le cinéma n'est pas une messe. Miguel Gomes, réalisateur portugais, refuse d'imposer un jugement. Selon lui, le spectateur doit construire sa propre interprétation. Il se limite à fournir des outils pour que chacun puisse élaborer sa propre vision. Ainsi, son œuvre devient un espace de liberté créative.
Grand Tour, le dernier film de Gomes, a reçu le titre de meilleur réalisateur à Cannes. Ce film est difficile à définir, car il incarne l'essence même du cinéma. L'histoire commence avec un livre de Somerset Maugham, où un fonctionnaire britannique fuit sa promesse de mariage. Cette fuite entraîne une quête à travers l'Asie, mêlant réalité et fiction.
Les protagonistes, en quête de leurs désirs, parcourent des lieux emblématiques : de la Birmanie à la Chine. Gomes évoque la complexité de leurs motivations, sans vouloir classer son film dans des catégories comme féminisme ou anticolonialisme. Pour lui, chaque personnage a ses propres raisons, reflétant la tragedie de notre monde.
Dans Grand Tour, les images en noir et blanc se mêlent à celles capturées lors du voyage de Gomes. Ce film est à la fois un documentaire et une fable, où la narration évolue avec les images. Gomes explique que les paysages qu'il a rencontrés imposaient leur propre récit, le forçant à repenser son approche cinématographique.
Le tournage a été interrompu par la pandémie de COVID, mais cela n'a pas altéré la vision de Gomes. Une séquence marquante présente une chanson qui résonne différemment selon les villages. Cette dualité entre passion et tristesse souligne la richesse des émotions humaines et la complexité des relations.
Le cinéma de Miguel Gomes est un art qui se sait cinéma. Il ne renonce pas à l'émotion tout en se racontant à lui-même. Son approche unique nous invite à réfléchir sans dogme. En fin de compte, il s'agit d'une œuvre profondément romantique, où les personnages vivent en dehors des conventions, explorant la beauté et la douleur du monde qui les entoure.