La clean room des installations d'Airbus, où se préparent les derniers détails du SpainSat NG II, est une immense structure blanche. Elle s'élève à plus de 20 mètres du sol au plafond. Pour y accéder, travailleurs et visiteurs doivent suivre un protocole strict: téléphones en mode avion, surchaussures, blouse et bonnet jetable. Dans cette salle, l'absence d'odeur est palpable, mais un bourdonnement constant des machines se fait entendre.
Des ordinateurs sont placés discrètement, tandis que des ingénieurs circulent. Au fond, un imposant satellite de six tonnes se dresse, ressemblant à un prototype en papier aluminium. Pourtant, il s'agit de technologie de pointe: le SpainSat NG II, qui subit ses dernières tests à Toulouse avant son lancement prévu cet automne.
Le SpainSat NG II est le jumeau du SpainSat NG I, ayant terminé son assemblage et son intégration. Actuellement, il est dans la phase finale de tests, où les ingénieurs examinent soigneusement son état de santé et celui de tous ses systèmes. Toutes les épreuves mécaniques et environnementales ont été réussies, confirmant sa robustesse dans les conditions extrêmes de l'espace.
Ces tests ne sont pas à prendre à la légère. Une fois pleinement opérationnel, ce satellite fera de l'Espagne une puissance dans ce domaine. Actuellement, seuls cinq pays de l'OTAN, dont les États-Unis et la France, possèdent la capacité de fabriquer et d'opérer des satellites de ce type.
Le 29 janvier, le premier satellite a décollé de Cabo Canaveral. Il a été en phase initiale jusqu'au 2 février, date à laquelle il a commencé son ascension vers l'orbite géostationnaire, atteinte le 3 juillet. Actuellement, le SpainSat NG I est positionné à 32,9° E, effectuant des tests avant de se déplacer à 29° E, où il coexistera temporairement avec le satellite XTAR-EUR.
Le SpainSat NG I a été lancé avec un maximum de 768 kilos de xénon et a encore environ 482 kilos de carburant. Les deux satellites incorporent des innovations qui les placent à la pointe des communications sécurisées et de la défense.
Les caractéristiques notables des satellites incluent des antennes actives en bande X, permettant une flexibilité équivalente à 16 antennes traditionnelles. Grâce à leur système d'orientation, ces antennes ajustent la couverture en temps réel avec une précision extrême. Garrido souligne que le satellite intègre trois bandes militaires: X, K et UHF.
La bande K, utilisée pour la transmission d'images, est assurée par des antennes en forme de plat, protégées par un matériau semblable à du papier aluminium. De plus, le satellite peut émettre et recevoir des signaux dans les deux sens, garantissant une couverture étendue.
Le projet pour faire de l'Espagne une puissance spatiale a nécessité cinq ans de travail et un investissement de 2 milliards d'euros. Dans les années à venir, 1,4 milliard d'euros supplémentaires seront alloués pour assurer les communications pendant 15 ans. Les ingénieurs estiment que la durée de vie des satellites pourrait atteindre deux décennies.
Après les tests à Toulouse, le satellite sera transféré aux États-Unis, avec une fenêtre de lancement prévue entre le 22 et le 29 octobre. Le SpainSat NG II mettra environ cinq mois pour atteindre son orbite finale, avec un mois supplémentaire de tests. On prévoit que les deux satellites seront pleinement opérationnels vers le 4 août 2026.
Une fois opérationnels, ces satellites offriront une couverture à deux tiers de la planète, de l'Amérique à Singapour. Garrido conclut en affirmant que la OTAN sera leur premier client, impatiente de commencer à utiliser ces nouvelles capacités. Ce projet marque une avancée significative pour l'Espagne dans le domaine spatial.