La récente modification législative en Indonésie suscite de vives inquiétudes. Les changements apportés à la loi militaire permettent une plus grande implication de l'armée dans le gouvernement. Cela rappelle les sombres jours de la dictature militaire de Suharto, qui a duré 32 ans. Les critiques craignent que cette évolution ne menace la démocratie durement acquise du pays.
Le parlement indonésien a voté des changements controversés qui permettent aux officiers militaires d'occuper des postes gouvernementaux sans avoir à prendre leur retraite. Ces modifications, soutenues par le président Prabowo Subianto, ancien commandant des forces spéciales, élargissent le nombre d'institutions civiles où les militaires peuvent servir de 10 à 14.
De plus, l'âge de départ à la retraite pour les généraux de quatre étoiles a été augmenté de 60 à 63 ans. Cela soulève des préoccupations quant à l'impact sur la démocratie et le contrôle civil sur les militaires, un aspect essentiel de la gouvernance moderne.
Des centaines d'activistes pro-démocratie ont manifesté devant le parlement pour dénoncer ces changements. Ils réclament le retour de l'armée dans les casernes et s'opposent au militarisme croissant. La foule a atteint près de mille personnes jeudi soir, tenant des bannières proclamant leur désaccord.
Wilson, un activiste, a déclaré que "l'essence de la démocratie" réside dans la séparation entre l'armée et la politique. Depuis 1998, il observe une "érosion" de la démocratie, et les révisions législatives actuelles marquent un pic inquiétant dans cette tendance.
Les modifications législatives signalent une consolidation du pouvoir sous Prabowo, selon Dedi Dinarto, analyste en politique publique. Le soutien du principal parti d'opposition à ces changements souligne cette dynamique. Cela pourrait transformer la direction politique de l'Indonésie, favorisant la stabilité au détriment des libertés civiles.
La fonction "duale" des forces armées, qui combine contrôle de la sécurité et affaires administratives, a été au cœur du régime de Suharto. Pour de nombreux Indonésiens, Prabowo incarne cette ère autoritaire, ayant dirigé les forces accusées d'abductions d'activistes dans les années 90.
Des groupes de défense des droits humains s'inquiètent des implications de ces changements. Selon Virdika Rizky Utama, il est difficile pour les officiers en service actif au sein du bureau du procureur général de rester impartiaux. Si l'armée influence le système judiciaire, qui pourra les tenir responsables ?
Andreas Harsono de Human Rights Watch souligne que l'intention de Prabowo de restaurer le rôle militaire dans les affaires civiles pourrait raviver des abus et une impunité historiques. La précipitation du gouvernement à adopter ces modifications contredit son engagement envers les droits humains.
Les révisions législatives en Indonésie marquent un tournant préoccupant pour la démocratie. Alors que des milliers de citoyens continuent de protester, leur détermination à défendre leurs droits et à résister à cette dérive autoritaire est palpable. La lutte pour la démocratie indonésienne est loin d'être terminée, et les voix qui s'élèvent contre ces changements ne doivent pas être ignorées.