Des dizaines de milliers de soldats russes perdent la vie sur le front en Ukraine, souvent sans que cela ne soit remarqué. Selon une analyse des données par la BBC, plus de 95 000 combattants russes sont décédés alors que le conflit entre dans sa quatrième année. Ce chiffre n'inclut pas les pertes des milices des républiques autoproclamées du Donbass, estimées entre 21 000 et 23 500.
Depuis février 2022, la BBC, le groupe de médias indépendant Mediazona et des bénévoles comptent les décès. La liste comprend les noms des défunts vérifiés grâce à des rapports officiels et des réseaux sociaux. Il est probable que le nombre réel de morts soit bien plus élevé.
Daniil Dudnikov, un étudiant de 21 ans, a été mobilisé le jour même de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine. Il a disparu un mois plus tard, et son unité a subi des pertes dramatiques. Son histoire est représentative de nombreux habitants des républiques autoproclamées, souvent envoyés au front sans formation adéquate.
Avec l'invasion, de nombreux hommes civils ont été mobilisés en masse. Ils étaient souvent mal équipés et envoyés en mission périlleuse, entraînant un nombre alarmant de soldats morts ou disparus. Les pertes les plus importantes des milices du Donbass ont eu lieu durant la première année de l'invasion.
Malgré des liens familiaux avec des proches en Russie, les habitants des régions occupées se sentent moins intégrés. Cela rend leurs pertes moins visibles pour la population russe.
Une autre part significative des pertes russes provient de criminels recrutés dans les prisons. Ildus Sadykov, arrêté pour vol, a signé un contrat pour éviter la prison. Après avoir été capturé, il a été tué au combat. Actuellement, la base de données de la BBC recense 16 171 criminels recrutés, mais le nombre réel est probablement bien plus élevé.
Des documents divulgués du groupe Wagner indiquent que les prisonniers pourraient représenter jusqu'à un tiers des pertes militaires russes. Beaucoup de ces individus ont vécu isolés dans des établissements pénitentiaires, déconnectés de la société.
Les pertes touchent principalement les segments de la société russe ayant moins de ressources. Selon Gulnaz Sharafutdinova, directrice de l'Institut de Russie à King's College, le Kremlin a conçu une stratégie qui déconnecte les plus privilégiés du conflit. Dans les petites villes, la prise de conscience des pertes est bien plus forte.
Un sondage a révélé que seulement 30 % des Russes ont eu une exposition directe à la guerre. En revanche, près de 80 % des Ukrainiens connaissent quelqu'un qui a été tué ou blessé. Cela soulève des questions sur le soutien réel à la guerre en Russie.
Les pertes militaires réelles de la Russie sont probablement bien supérieures aux données accessibles. Les analystes estiment que les recherches de la BBC ne capturent que 45 % à 65 % des pertes totales. De plus, beaucoup de corps restent sur le champ de bataille, rendant leur récupération difficile.
Les estimations suggèrent que le nombre de soldats russes décédés pourrait varier entre 146 194 et 211 169. En ajoutant les pertes des forces du DPR et LPR, le total pourrait atteindre jusqu'à 234 669.
À l'approche de la quatrième année de guerre, l'attention mondiale se tourne vers les négociations de paix. Les pertes humaines continuent d'augmenter, tandis que les données sur les décès militaires en Russie restent classifiées. La situation sur le terrain demeure complexe et tragique, avec des conséquences durables pour les familles et la société.