En janvier 2024, le Ministère de la Culture a présenté le Livre Blanc du Comic, un rapport détaillé sur le secteur. Ce document révèle des données préoccupantes : seulement 9% des comics publiés en Espagne l'année précédente étaient d'auteurs espagnols. De plus, 63% de ces auteurs ont déclaré que leurs revenus étaient inférieurs au salaire minimum.
En réponse à cette situation, le Ministère a collaboré avec diverses associations et acteurs du monde du comic. En mai, il a annoncé une ligne de subventions directes pour la création de comics, avec un budget total d'un million d'euros pour soutenir 40 projets. C'est un moment historique pour les comics espagnols, tant par le montant que par l'envergure de l'initiative.
Cette aide vise à consolider une industrie en difficulté, qui peine à retenir ses talents. Les créateurs espèrent que ces subventions permettront d'améliorer les conditions de travail et de stimuler la créativité.
Antonio Hitos, un talent reconnu, souligne que 25 000 euros est une somme adéquate, à condition qu'elle soit renouvelée. Il affirme que cela pourrait transformer le secteur, permettant aux artistes de s'épanouir. Laura Pérez, lauréate d'un prix, abonde dans ce sens, estimant que ce soutien est crucial pour la création de comics.
Fernando Llor, scénariste, estime que la distribution d'un million d'euros directement aux auteurs est une démarche positive. Les subventions offrent également une protection spéciale aux femmes artistes, dont le nombre augmente dans un secteur historiquement dominé par les hommes.
Le collectif Autoras de Cómic a exprimé son enthousiasme face à l'appel à projets, soulignant l'afflux de demandes. Parmi les quarante projets sélectionnés, douze devront inclure au moins 40% de femmes. Hitos considère cette mesure comme une protection nécessaire pour corriger des biais historiques.
Cependant, certains artistes se montrent critiques à l'égard des critères de sélection, qui privilégient les artistes ayant une carrière établie. La discussion autour de l'autoédition est également en cours, avec des voix s'élevant pour défendre son légitimité.
Un point largement salué est l'interdiction des œuvres réalisées avec l'Intelligence Artificielle générative. Hitos exprime son accord, affirmant que l'IA est incompatible avec une politique de protection des auteurs. Llor, quant à lui, ironise sur la nécessité d'une telle clause dans l'appel à projets.
Les artistes se divisent sur les critères d'évaluation, certains plaidant pour un système anonyme qui ne tienne compte que de la qualité des œuvres. Hitos, cependant, rappelle que l'objectif principal est d'améliorer les conditions du secteur, tout en intégrant de nouveaux auteurs.
Les nouvelles subventions représentent une opportunité pour revitaliser l'industrie du comic en Espagne. Toutefois, il reste à voir si ces aides s'accompagneront d'améliorations salariales et d'un soutien promotionnel efficace de la part des éditeurs. Le chemin est encore long pour que l'industrie espagnole du comic atteigne le niveau de ses concurrents internationaux.