Une nouvelle commission indépendante chargée de surveiller, pour la première fois, les activités de l'Agence des services frontaliers du Canada (CBSA) n'a toujours pas été établie, presque quatre mois après l'adoption de la législation. Cette situation soulève des préoccupations quant à la protection des droits des migrants.
La loi créant la nouvelle Commission des plaintes et d'examen publique pour la CBSA et la GRC a été adoptée le 31 octobre 2024. Cette adoption fait suite à des années de plaidoyer de nombreux groupes et experts en droits humains. Elle vise à renforcer la responsabilité de la CBSA, qui n'a jusqu'à présent pas été soumise à un mécanisme de surveillance externe.
La loi s'appuie sur l'existence de la commission de la GRC, qui se voit confier la responsabilité supplémentaire de traiter les plaintes publiques concernant la CBSA. Cependant, la commission actuelle de la GRC est sans président depuis le départ de Michelaine Lahaie le 1er janvier.
Le Canada a reconnu que la nouvelle commission pour la CBSA et la GRC n'est pas encore opérationnelle. Le ministère de la Sécurité publique a indiqué qu'il travaillait à sa mise en place "dans un délai raisonnable", sans fournir de calendrier précis. Tim McSorley, coordinateur national du Groupe de surveillance des libertés civiles, souligne l'urgence de cette situation.
Selon McSorley, la nécessité d'une telle commission est devenue d'autant plus pressante avec l'augmentation de la surveillance aux frontières. Les groupes de défense des droits craignent que cette absence de surveillance ne mette en péril les droits des migrants.
En attendant, le gouvernement fédéral a rapidement investi 1,3 milliard de dollars pour intercepter les migrants tentant de traverser la frontière canado-américaine. Cette opération vise à apaiser les inquiétudes du président américain Donald Trump. Gauri Sreenivasan, directrice exécutive du Conseil canadien pour les réfugiés, critique le manque de création d'un mécanisme de surveillance.
Sreenivasan et McSorley craignent que les migrants, en particulier, ne soient les plus touchés par cette situation. McSorley exprime sa tristesse face aux photos récentes de migrants prises par des systèmes d'imagerie thermique déployés à la frontière.
Le traitement des migrants par l'agence frontalière a déjà été critiqué pour ses conditions de détention inhumaines et pour des cas de décès en détention. Sreenivasan évoque des enfants séparés de leurs familles, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant aux droits humains.
Il est crucial que le gouvernement n'investisse pas uniquement dans la technologie de surveillance, mais qu'il protège également le droit des personnes à demander l'asile. La silence assourdissant concernant la création de la nouvelle commission est préoccupant, selon Sreenivasan.
La création de la commission de surveillance pour la CBSA est essentielle pour garantir la responsabilité et la transparence dans le traitement des plaintes. Alors que le gouvernement continue d'investir dans des mesures de sécurité, il est impératif qu'il ne néglige pas les droits des migrants et la nécessité d'une surveillance adéquate.