
Le petit parking est interdit d’accès. Les bâtiments vétustes ont laissé place à une carrière vidée de toute vie. Sur le trottoir, deux passants glissent leur tête derrière les grandes palissades de sécurité, avant de repartir déçus. Rien n’a bougé depuis la démolition de l’un des plus importants hôpitaux du nord Essonne, celui de Juvisy-sur-Orge.
Mais qu’ils se rassurent : si le projet d’offre de soins annoncé en lieu et place, avec la présence d’un service d’urgences, a pris du retard, il n’est pas abandonné. Bien au contraire. Ce mardi 16 décembre, un accord a été signé entre la ville, l’agence régionale de santé (ARS) et Inicea, confirmant l’avancée du programme.
En juin 2024, l’établissement géré par le Groupe Hospitalier Nord Essonne (GHNE) a laissé la place à un hôpital flambant neuf, au cœur du quartier de Corbeville, à Orsay. Cela représente une distance d’environ vingt kilomètres, souvent entravée par des bouchons.
Pour « ne pas laisser orphelin un bassin de santé de plus de 250 000 habitants », élus du territoire et membres du comité de défense des hôpitaux du Nord Essonne se sont battus pendant près de 10 ans pour maintenir une offre de soins sur le site. En 2021, ils ont obtenu gain de cause : les urgences, un service d’imagerie et le Service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) seront maintenus grâce à un projet porté par Inicea.
Deux nouveaux bâtiments devaient sortir de terre. Annoncés pour 2023, puis 2025, et enfin 2026, ce ne sera finalement pas avant fin 2029. « Nous espérons déposer le permis de construire dans le courant du premier semestre 2026 pour un début des travaux, indique Pierre Maitrot, le directeur d’Inicea. Ce sera une offre complète avec de la neurologie, de la rééducation, de la gériatrie ou encore de l’oncologie. »
Ces difficultés, « courantes dans des chantiers de cette dimension-là », étaient liées à l’étude d’impact environnementale et aux financements. Le prix des travaux est important : 50 millions d’euros d’investissement pour Clariane, sans compter le prix d’achat du terrain.
Pour les épauler, grâce à un partenariat privé-public, l’ARS a acté le financement de 5 millions d’euros. « Cela va dans notre logique territoriale où nous voulons disposer de trois piliers dans l’offre de soins proposée aux habitants du secteur », souligne Richade Fahas, directeur de l’ARS en Essonne.
Nous avons ainsi l’hôpital de Saclay, le pôle de soins de Longjumeau et prochainement Juvisy. Pour Lamia Bensarsa Reda, la maire (divers droite), c’est une nouvelle étape dans « ce combat mené contre la disparition de l’hôpital. Cet accord n’est pas neutre, surtout dans un contexte budgétaire compliqué. »
Un accord qui doit déboucher sur du concret, espère Pierre Brihier, chef de service du Smur à Juvisy. « Nous sommes convaincus que nous devons rester dans cette commune car sur des urgences vitales, cela peut tout changer. » Une de ses dernières interventions portait sur un arrêt cardiaque. Si l’équipe avait été plus loin, il n’est pas certain qu’ils auraient pu sauver le patient.
Pour les autres types d’urgences, un centre de consultations de soins non programmés permet d’accueillir les patients (adultes et enfants). Inauguré par l’ARS en février dernier, ce centre médical d’appui est ouvert du lundi au vendredi, de 10 heures à 19 heures.
Le projet de réhabilitation des soins à Juvisy-sur-Orge avance, malgré les retards. Les acteurs locaux continuent de se battre pour garantir une offre de soins adéquate et accessible. L'engagement des élus et des organisations de santé est essentiel pour l'avenir de cette région.