Des milliers de survivants dans le nord de l'Ontario sont désormais éligibles à une indemnisation après avoir été retirés de leurs foyers et placés dans des maisons privées pour aller à l'école entre 1951 et 1992. Ce programme, connu sous le nom de programme des foyers de pensionnat indiens, a causé de nombreux traumatismes, notamment la perte de langue et des abus.
Melissa Ethier et Marilyn Gaudreau, deux cousines, se rappellent avec émotion de leur expérience. En 1969, elles ont été envoyées vivre chez une famille à Kirkland Lake pour poursuivre leurs études. Elles partagent leur histoire, soulignant le traumatisme qu'elles ont vécu dans un environnement hostile.
Les deux femmes souhaitent encourager d'autres survivants à se manifester et à demander une indemnisation. Malgré le temps passé, elles ressentent toujours le besoin de partager leurs expériences et de briser le silence qui entoure ces événements.
Dans leur nouveau foyer, elles ont fait face à des conditions de vie difficiles. Les repas étaient souvent limités, et elles étaient isolées, sans accès à la télévision ou à des activités sociales. Ce manque de liberté a eu un impact profond sur leur bien-être mental.
Après avoir passé les vacances de Noël dans leur communauté, elles ont juré de ne jamais retourner à Kirkland Lake. Les souvenirs de cette période restent gravés dans leur mémoire, influençant leurs choix de vie par la suite.
Le programme a été actif de 1951 à 1992, période durant laquelle des milliers d'enfants autochtones ont été forcés de quitter leur maison. Le gouvernement fédéral a payé les familles d'accueil pour l'éducation de ces enfants, souvent au détriment de leur culture et de leur langue.
Une action en justice a été intentée par des survivants en 2019, aboutissant à un règlement de 50 millions de dollars pour reconnaître les préjudices subis. Les demandes d'indemnisation ont été ouvertes en août dernier, et il est estimé que jusqu'à 40 000 personnes pourraient être éligibles.
William Platt, avocat impliqué dans l'administration des réclamations, explique que les survivants doivent d'abord se qualifier en remplissant un formulaire. Une fois qualifiés, ils peuvent recevoir jusqu'à 10 000 dollars, et ceux ayant subi des abus supplémentaires peuvent demander jusqu'à 200 000 dollars.
Il est crucial que les survivants sachent que leurs réclamations concernant des abus supplémentaires ne seront pas contestées en justice. Platt encourage les familles à postuler, même pour ceux qui ne sont plus en vie.
Le programme a eu un impact durable sur les communautés autochtones. Jennifer Constant, cheffe de la Première Nation de Mattagami, évoque les défis rencontrés par les jeunes autochtones, notamment le sentiment de ne pas être à la hauteur. Ces expériences ont affecté leur estime de soi et leur réussite scolaire.
Bien que le programme ait pris fin en 1992, les effets persistent. La Première Nation propose maintenant des options de transport quotidien pour que les enfants puissent rentrer chez eux le soir, assurant ainsi qu'ils soient entourés de leur famille.
Les survivants du programme des foyers de pensionnat continuent de faire entendre leur voix et de demander justice. Leurs histoires sont un rappel puissant des luttes endurées par des générations d'enfants autochtones. La date limite pour soumettre une demande d'indemnisation est le 22 février 2027, et il est essentiel que ceux qui sont éligibles se manifestent.