La récente proposition de loi a suscité de vives inquiétudes parmi les juristes. En contournant les organes consultatifs, cette initiative a fait « sauter toutes les alarmes ». Après l'analyse du texte convenu entre le PSOE et Junts, les experts ont confirmé leurs craintes.
Des magistrats émérites du Constitutionnel et des professeurs de droit s'accordent à dire que la délégation de compétences en matière d'immigration à la Catalogne est « inconstitutionnelle ». Ils se basent sur l'article 149 de la Constitution, qui stipule que « l'État a une compétence exclusive sur la nationalité, l'immigration, l'étranger et le droit d'asile ».
Le texte convenu par le PSOE et Junts ne mentionne pas cet article. Ils se réfèrent plutôt à l'article 150, qui permet à l'État de transférer des compétences aux communautés autonomes. Cependant, cette interprétation est contestée par des juristes qui la considèrent comme un « abus sanglant » de cette clause.
Les juristes soulignent que le texte de l'article 150 est « très large » et pourrait prêter à débat. Toutefois, ils estiment que les questions migratoires, en raison de leur sensibilité, ne peuvent pas être considérées comme « susceptibles de délégation ». La professeure Teresa Freixes affirme que la Constitution précise les matières non transférables, sans inclure l'immigration.
Le magistrat émérite Jorge Rodríguez-Zapata ajoute que la jurisprudence renforce l'idée que déléguer des compétences migratoires à une communauté autonome est inconstitutionnel. Dans le jugement sur l'Estatut de Catalogne, la cour a précisé que seules les compétences d'assistance et sociales peuvent être cédées.
Les juristes s'inquiètent particulièrement de la gestion des expulsions. Le professeur Julio Banacloche souligne que donner à la Catalogne la compétence pour gérer les expulsions pourrait entraîner une politique autonome en la matière. Cela pourrait créer des disparités entre les régions, où des critères différents seraient appliqués pour l'expulsion des immigrés.
De plus, si cette cession est accordée à la Generalitat, d'autres communautés autonomes pourraient également demander des compétences similaires. Cela remettrait en question le système de compétences établi par la Constitution, avertit Roberto Blanco.
Les experts notent que la rédaction de la proposition de loi tente de justifier sa légalité en s'appuyant sur l'article 150. De plus, le professeur Manuel Pulido explique que des clauses « préventives » ont été ajoutées. Par exemple, les expulsions doivent être approuvées par la Junta de Sécurité de Catalogne, qui inclut la Police et la Garde Civile.
Cependant, malgré ces précautions, les juristes estiment qu'il sera « difficile » que cette proposition passe les filtres constitutionnels. Les préoccupations demeurent fortes quant à la légalité de cette initiative.
En résumé, la proposition de loi sur la délégation des compétences migratoires à la Catalogne soulève de nombreuses inquiétudes juridiques. Les experts s'accordent à dire que cette initiative pourrait être inconstitutionnelle et créer des disparités entre les différentes régions. Les implications de cette cession de compétences méritent une attention particulière afin de préserver l'intégrité du système juridique espagnol.