
Le débat sur le comptage des castes en Inde soulève des questions cruciales concernant l'accès aux bénéfices gouvernementaux. Le prochain recensement national, prévu pour 2027, marquera une étape importante en comptant chaque caste, un système social qui perdure depuis des siècles. Cette initiative met fin à des décennies d'hésitation politique et répond à des pressions croissantes.
Pour la première fois depuis près d'un siècle, l'Inde comptera chaque caste dans son recensement. Cela fait suite à des demandes de partis d'opposition et de plusieurs États qui ont déjà mené leurs propres enquêtes. Un recensement de 2011, non vérifié, a enregistré 4,6 millions de noms de castes, révélant l'ampleur de la diversité.
Ce comptage promet d'offrir une image plus précise de ceux qui bénéficient réellement des actions affirmatives. Les défenseurs soutiennent qu'il pourrait rendre les dépenses de bien-être plus ciblées, mais certains experts, comme Anand Teltumbde, mettent en garde contre les risques d'une telle démarche.
Teltumbde, dans son livre "The Caste Con Census", avertit que ce comptage pourrait renforcer le système de castes. Selon lui, les castes sont "trop nuisibles pour être gérées à des fins progressistes". Il argue que chaque recensement passé a non seulement enregistré les castes, mais les a également réifiées.
Il voit le recensement moderne comme un écho colonial, affirmant que les administrations britanniques ont commencé à compter les castes en 1871 pour mieux contrôler la population. Pour lui, ce processus ne fait qu'accentuer les inégalités existantes.
Malgré les critiques, certains chercheurs estiment que le recensement est un outil nécessaire pour la justice sociale. Des sociologues comme Satish Deshpande affirment que ne pas compter les castes est l'une des plus grandes erreurs de l'Inde indépendante. Ils soutiennent qu'une image plus complète est nécessaire pour comprendre les dynamiques de privilège et de déprivation.
Ils soulignent que le manque de données fiables sur les castes obscurcit les inégalités, rendant difficile la mise en place de politiques efficaces. Un recensement pourrait aider à identifier les besoins des groupes les plus défavorisés.
Les experts préviennent que le comptage des castes et l'interprétation des données seront semés d'embûches. La classification des castes en sous-groupes pose des questions sur le niveau approprié de classification. Chaque caste contient de nombreux sous-groupes, ce qui complique le processus.
Les défis incluent également la nécessité de relier les données sur les castes aux niveaux de revenus et d'éducation. Dr Sudha Pai suggère que si cela est fait de manière réfléchie, cela pourrait transformer le système de bien-être indien en un système basé sur les droits.
En conclusion, le comptage des castes en Inde suscite des opinions divergentes. Alors que certains y voient une opportunité d'améliorer la justice sociale, d'autres craignent que cela ne renforce les inégalités existantes. Le débat continue de faire rage, et il est essentiel de naviguer avec prudence dans cette question complexe.