
Le musicien éthiopien Mulatu Astatke, reconnu comme le père du jazz éthiopien, a récemment donné son dernier concert en direct à Londres. À 82 ans, il a captivé son public pour une dernière fois, après une carrière de plus de six décennies. Ce concert marquait la fin d'un parcours exceptionnel, où il a fusionné divers styles musicaux pour créer son propre son unique.
Mulatu Astatke a gagné en notoriété grâce à la bande originale du film Broken Flowers en 2005, ce qui a élargi son audience. Son influence s'est accrue avec l'utilisation de sa musique dans le film Nickel Boys, nommé pour l'Oscar du meilleur film l'année dernière. Depuis les années 1960, il a utilisé le studio comme un laboratoire pour mélanger des styles musicaux, développant ce qu'il appelle la "science" de l'Ethio-jazz.
Lors de son dernier concert, malgré le froid de novembre, le public a chaleureusement accueilli Mulatu. Habillé d'une chemise ornée d'œuvres de l'artiste éthiopien Afework Tekle, il a pris place sur scène, prêt à offrir une performance mémorable. Son premier morceau, inspiré d'une mélodie du 4ème siècle, témoigne de son attachement à ses racines musicales.
Pour le musicien américain Dexter Story, ce concert était à la fois émouvant et joyeux. Il a décrit l'énergie de la performance comme "vibrante" et "gracieuse". Mulatu, bien que touché par l'adieu à ses fans, a choisi de se concentrer sur l'impact durable de sa musique. Ses enregistrements continueront d'inspirer des générations.
Mulatu s'engage à promouvoir la musique éthiopienne, qu'il estime souvent sous-estimée. "L'Afrique a tant donné culturellement au monde", a-t-il déclaré, soulignant l'importance de la reconnaissance de cette richesse. Son parcours musical a débuté à un jeune âge, lorsqu'il a été envoyé au Royaume-Uni pour poursuivre ses études.
Né en 1943 à Jimma, en Éthiopie, Mulatu a d'abord étudié l'ingénierie avant de se tourner vers la musique. Son talent pour la trompette a été rapidement remarqué, le poussant à se consacrer à cette passion. Il a étudié au Berklee College of Music à Boston, devenant le premier Africain à intégrer cette prestigieuse institution.
À son retour à Addis-Abeba en 1969, il a créé son propre son, révolutionnant la scène musicale éthiopienne. En combinant les connaissances acquises à Berklee avec des modes éthiopiens, il a développé l'Ethio-jazz. Malgré des critiques initiales, son style a rapidement gagné en popularité, redéfinissant la musique dans son pays.
Mulatu décrit les musiciens traditionnels éthiopiens comme des "scientifiques" de la musique, soulignant l'importance de leur contribution. Il utilise des instruments traditionnels, tels que le washint et le masenqo, pour enrichir son son. Sa mission actuelle est de moderniser ces instruments tout en préservant leur essence.
Pour ses fans, la fusion du moderne et du traditionnel rend l'Ethio-jazz unique. De nombreux admirateurs, comme Joseph Badawi-Crook, sont tombés amoureux de ce mélange. Bien que sa tournée soit terminée, Mulatu promet de continuer à partager la musique éthiopienne avec le monde.
Le dernier concert de Mulatu Astatke marque la fin d'une ère, mais son héritage musical perdurera. Il a non seulement enrichi le paysage musical éthiopien, mais a également ouvert des portes pour des générations futures. Comme il l'a dit, "ce n'est pas la fin", et son influence continuera de résonner à travers le monde.