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Le Constitucional annule la condamnation du créateur du 'tour de la Manada' en raison de son "caractère satirique" et précise que "le bon goût" n'est pas une limite constitutionnelle.

Publié le : 13 mai 2025

Décision du Tribunal Constitutionnel

Le Tribunal Constitutionnel (TC) a pris la décision unanime d'annuler la condamnation à un an et demi de prison contre l'auteur d'un site web, nommé 'Tour de la Manada'. Ce site faisait la promotion d'un "faux" parcours dans les rues de Pamplona, suivi par les condamnés pour la viol de groupe survenue lors des Sanfermines de 2016.

Le TC rappelle que cette affaire remonte à décembre 2018, lorsque le requérant a créé le site, proposant un "faux tour" des lieux où se sont rendus les cinq membres du groupe La Manada. Ces derniers avaient été condamnés pour un délit d'abus sexuel et, par la suite, pour un délit d'agression sexuelle.

Contenu du site et réactions médiatiques

Le site n'est resté actif que trois jours, intégrant le logo du gouvernement de Navarre contre la violence de genre. Il faisait référence aux faits en tant qu'agression sexuelle, et non abus sexuel. Les médias ont largement critiqué ce tour fictif, le qualifiant de "bombe médiatique".

Après trois jours, le contenu du site a été supprimé et remplacé par un démenti. Ce démenti indiquait que le faux tour avait été conçu pour exposer la réaction des médias face à des événements tragiques. Les juges ont condamné le requérant pour atteinte à l'intégrité morale, estimant qu'il avait aggravé la souffrance de la victime.

Analyse des libertés d'expression

Le TC a annulé les décisions précédentes, arguant que les libertés d'expression et de création artistique du requérant avaient été violées. Selon le tribunal, les juges n'avaient pas effectué une analyse approfondie de l'intention derrière le message diffusé, ce qui est essentiel pour évaluer la légitimité de la liberté d'expression.

Les magistrats ont critiqué le tribunal pénal pour avoir ignoré l'intention du requérant. Ils ont souligné que l'analyse de l'intention est cruciale pour déterminer si un message constitue un exercice légitime de la liberté d'expression. Le TC a également mis en avant des éléments du site qui indiquaient que l'intention n'était pas de humilier la victime.

Conséquences et sensibilisation

Le TC a reconnu que le message du requérant pouvait susciter un grand rejet et être perçu comme de mauvais goût. Cependant, il a affirmé que le bon goût ou la qualité littéraire ne doivent pas constituer des limites à la liberté d'expression. Cette liberté doit être largement protégée, même si elle peut déranger.

Le tribunal a noté que la page ne contenait aucune référence individualisée à la victime, ni de contenu humiliant. En outre, elle qualifiait les faits d'agression sexuelle, en pleine période de débat public sur le sujet. Le TC insiste sur l'importance de maintenir un équilibre entre la liberté d'expression et la sensibilité envers les victimes.

Conclusion

La décision du TC souligne la nécessité de protéger la liberté d'expression tout en reconnaissant les impacts émotionnels sur les victimes. Les juges ont appelé à une analyse plus approfondie des intentions derrière les messages pour garantir que les droits fondamentaux soient respectés. Cela ouvre un débat crucial sur la manière dont la société gère la liberté d'expression face à des sujets sensibles.

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