La minorité d'extrême gauche au sein du gouvernement de coalition de Pedro Sánchez soulève à nouveau des questions concernant les contrats de défense. Récemment, ils ont réussi à annuler l'achat de munitions à une entreprise israélienne. Actuellement, les différentes sensibilités au sein de l'exécutif empêchent le ministère de Margarita Robles de faire avancer un projet crucial pour l'armée de terre.
Le Système Conjoint de Radio Tactique (SCRT) est un programme essentiel de modernisation des forces armées. Ce programme intègre de nouvelles bandes de fréquence dans les véhicules et radios de l'armée de terre. Il est si vital qu'il figure dans le plan de réarmement présenté par Pedro Sánchez, avec un budget de 350 millions d'euros.
Pour réaliser ce programme, les entreprises espagnoles Aicox et Telefónica sont jugées adéquates. Elles ont déjà livré 1.500 unités de ces radios à l'armée et ont remporté trois contrats. Cependant, un obstacle majeur se dresse : la technologie israélienne, car c'est la société Elbit Systems qui a développé le produit original.
Aicox et Telefónica ont proposé le premier contrat comme un transfert de technologie. Cela signifie qu'Israël fournit les premiers modèles, et la production est progressivement nationalisée. Actuellement, environ 15-20% des appareils sont assemblés en Espagne, mais ils estiment pouvoir atteindre jusqu'à 90% de production locale.
Cela représente une opportunité industrielle pouvant créer 500 emplois directs et dynamiser l'économie dans plusieurs villes espagnoles. Cependant, la politique semble primer sur les besoins de l'armée de terre. « Depuis un an, la proposition est entre les mains de la Direction Générale de l'Armement et du Matériel (DGAM) », explique une source. « Ils nous ont avoué que, pour des raisons politiques, ils ne pouvaient pas avancer ».
Le ministère de la Défense exige que le premier programme, pour fabriquer environ 3.500 appareils des 11.000 nécessaires, soit livré dans un délai de douze mois. « Nous sommes prêts à le faire dans ce délai dès que nous signerons », affirment-ils. Toutefois, le ministère hésite à conclure des accords impliquant Israël.
Peut-on réaliser ce programme sans la technologie israélienne ? « Sincèrement, non », répond la source, ajoutant que l'Espagne n'est pas suffisamment équipée pour le faire. « Les Israéliens sont les meilleurs dans ce domaine. Voulez-vous le faire en un an sans leur technologie ? C'est impossible », précise-t-elle.
La source souligne que lorsque le ministère de la Défense fait une demande, c'est parce qu'il y a une nécessité opérationnelle. « Cette radio est une nécessité pour les forces armées », insiste-t-elle. Le ministère souhaite que la radio soit nationalisée le plus rapidement possible pour garantir une souveraineté stratégique.
Aicox a donc accéléré ses plans pour assembler 90% des appareils en Espagne dans un délai de douze mois. « Nous attendons toujours une réponse du ministère de la Défense. Cela fait un an que nous attendons, le seul obstacle actuel est le ministère », conclut-elle.
La situation actuelle concernant le SCRT met en lumière les tensions entre la politique et les besoins stratégiques de l'armée espagnole. Les enjeux économiques et de sécurité sont cruciaux, et le temps presse pour trouver une solution qui réponde aux exigences de défense du pays.