Une vie à la recherche de rangées de corps non réclamés pour des frères et des fils disparus

Une vie à la recherche de corps non réclamés

La quête de réponses sur les disparitions de frères et de fils est un parcours pénible pour de nombreuses femmes en Balochistan. Saira Baloch, parmi des milliers d'autres, cherche désespérément des informations sur les hommes qu'elle affirme avoir été disparus de force par les forces de sécurité pakistanaises. À seulement 15 ans, elle a fait face à l'horreur d'un morgue, un lieu où elle a vu des corps torturés, mais elle a ressenti un soulagement en ne trouvant pas son frère.

Le frère de Saira, un policier, a disparu après son arrestation en 2018. Depuis, elle a adopté une routine macabre, visitant les morgues dans l'espoir de ne pas trouver ce qu'elle cherche. Malheureusement, après sept ans, elle n'a toujours pas eu de nouvelles.

Les disparitions en Balochistan

Les activistes rapportent que des milliers de Baloch ont été disparus au cours des deux dernières décennies, souvent sans procès équitable. Le gouvernement pakistanais conteste ces allégations, affirmant que beaucoup des disparus ont rejoint des groupes séparatistes ou ont fui le pays. Les familles, cependant, continuent de vivre dans l'angoisse, avec des corps retrouvés dans des tombes anonymes, souvent trop défigurés pour être identifiés.

Les femmes de toutes générations s'unissent dans des manifestations, brandissant des photos de leurs proches disparus. Lors des rencontres avec la BBC, elles offrent du thé noir, partageant leur douleur et leur détermination à obtenir justice. Beaucoup croient fermement que leurs proches ont été ciblés pour avoir osé s'opposer aux politiques de l'État.

La réalité de Balochistan

Balochistan, la plus grande province du Pakistan, est riche en ressources naturelles mais souffre d'un développement négligé. Les routes sont longues et solitaires, et l'accès à certaines zones est restreint pour des raisons de sécurité. Les écoles et les hôpitaux sont en piteux état. Les jeunes rêvent d'évasion, cherchant des moyens de fuir cette situation désespérée.

Malgré ses richesses, Balochistan est considérée comme la province la plus pauvre du pays. Les tensions politiques et les accusations d'exploitation des ressources par l'État exacerbent le sentiment d'injustice parmi la population locale.

Les luttes des familles

La lutte pour retrouver les disparus est marquée par des histoires poignantes. Jannat Bibi, par exemple, cherche son fils Nazar Muhammad, disparu en 2012. Malgré les difficultés financières, elle continue de participer aux manifestations pour obtenir des réponses. Son récit est représentatif de la douleur d'innombrables familles qui vivent dans l'incertitude.

La découverte de fosses communes en 2014 a choqué le pays, mais pour les habitants de Balochistan, la violence et la disparition sont des réalités quotidiennes. Les femmes comme Mahrang Baloch, qui a perdu son père et son frère, se battent pour mettre fin à cette injustice et réclament des droits pour leur peuple.

Un avenir incertain

Les disparitions continuent d'alimenter la résistance. Mahrang, aujourd'hui leader d'un mouvement de protestation, déclare que la lutte pour la justice est essentielle. Elle exige que les mères n'aient plus à craindre pour leurs enfants. Sa détermination est partagée par de nombreuses femmes qui refusent de rester silencieuses.

Les jeunes générations, comme Masooma, une fillette de 10 ans, portent aussi le poids de ces disparitions. Elle cherche son père disparu depuis qu'elle n'avait que trois mois. Son histoire illustre le cycle de la douleur et de l'espoir qui caractérise la vie en Balochistan.

Conclusion

Les histoires de Saira, Jannat et Mahrang révèlent une réalité tragique dans une province en proie à des disparitions forcées. Malgré la douleur, ces femmes continuent de se battre pour la vérité et la justice. Leur résilience face à l'adversité est un témoignage poignant de la quête de dignité et de droits fondamentaux en Balochistan.