Le sicaire s'est fait passer pour un livreur afin d'accéder jeudi à l'immeuble de Roberto Samcam, un ancien militaire nicaraguayen, à Moravia, près de San José, Costa Rica. Il a agi sans difficulté, sachant que les portails étaient en cours de changement. Montant les escaliers, il a frappé à la porte, qui était ouverte mais avec une grille métallique. Samcam, âgé de 67 ans, a répondu à l'appel, ce qui lui a coûté la vie : il a reçu huit balles, touchant le thorax et l'abdomen.
Le sicaire a fui à toute vitesse, laissant sa fille découvrir son père étendu au sol. Cet assassinat marque une nouvelle victime des dictatures en Amérique Latine, s'inscrivant dans une série d'exécutions transnationales. Ce meurtre fait écho à celui de Ronald Ojeda, un militaire vénézuélien tué à Santiago, mais les contextes diffèrent considérablement.
La situation au Costa Rica est préoccupante. L'Organisme de Recherche Judiciaire (OIJ) a ouvert une enquête, mais elle semble complexe. Les autorités locales sont conscientes qu'elles font face à un crime politique. Claudia Vargas, épouse de Samcam et activiste, a exprimé sa colère : "Roberto était une voix puissante, dénonçant la dictature". Son appel à la justice résonne dans un contexte où la sécurité des réfugiés nicaraguayens est en jeu.
Peu avant son meurtre, Samcam avait critiqué vigoureusement Daniel Ortega et sa femme, Rosario Murillo. Dans ses écrits, il dénonçait les violences de la dictature, notamment la matrice de la répression. Il avait également été un des leaders du mouvement pour la liberté et la justice au Nicaragua, ce qui a conduit à son exil.
Des groupes en exil demandent au gouvernement espagnol d'intervenir dans l'enquête sur cet assassinat. Samcam, qui avait acquis la nationalité espagnole en juillet 2023, avait dénoncé à plusieurs reprises les réseaux des militaires sandinistes au Costa Rica. Son meurtre soulève des questions sur la sécurité des opposants dans la région.
Le climat d'impunité est palpable. Des attaques similaires ont eu lieu ces dernières années, comme celle de Joao Maldonado, qui a survécu à une tentative d'assassinat en janvier dernier. Les autorités semblent incapables de protéger les dissidents, créant un sentiment d'insécurité croissant parmi les réfugiés nicaraguayens.
La réaction de l'ex-présidente Laura Chinchilla a été immédiate. Elle a dénoncé l'impunité dont bénéficient les sicares de la dictature nicaraguayenne au Costa Rica. Sa déclaration a trouvé un écho positif auprès de trente anciens dirigeants de la région, qui soutiennent son appel à la justice.
Les réfugiés nicaraguayens, déjà en proie à l'angoisse, vivent une situation de plus en plus précaire. Ils se sentent trahis par un système qui ne semble pas les protéger. La méfiance envers les autorités est croissante, et les mesures migratoires restrictives du président Rodrigo Chaves aggravent la situation.
La violence politique au Costa Rica souligne un problème plus large en Amérique Latine. Les réfugiés nicaraguayens, espérant trouver un sanctuaire, se heurtent à une réalité bien différente. La nécessité d'une action internationale pour protéger les dissidents est plus urgente que jamais. La lutte pour la justice et la sécurité continue, mais le chemin reste semé d'embûches.