Sophie Power a commencé sa carrière de coureuse d'ultramarathon sans même avoir chaussé ses baskets pour la première fois. Ce défi, né après un licenciement, est devenu une passion qui a eu un impact significatif sur les femmes dans le sport. En 2018, une photo d'elle allaitant son fils de trois mois pendant une course de 106 miles a fait le tour du monde, mettant en lumière un problème majeur pour les femmes et les mères dans le domaine sportif.
La situation a poussé de nombreux événements sportifs, comme le Marathon de Londres, à adopter des politiques de report de grossesse. Le travail de Power a été essentiel pour initier ce changement, offrant ainsi de nouvelles opportunités aux femmes dans le sport.
À 26 ans, Power s'est inscrite à son premier ultramarathon de 250 km, après avoir été licenciée de son poste dans le secteur bancaire. Bien qu'elle ne soit pas une coureuse, un ami l'a encouragée à relever ce défi, pensant qu'elle avait la stamina nécessaire grâce à son expérience dans un escadron aérien à l'université. "J'ai réalisé que j'aimais l'ultra-running", a-t-elle déclaré, enthousiasmée par les rencontres et l'adrénaline de la course.
Après la naissance de son deuxième enfant, elle a fait face à un dilemme. Elle avait déjà abandonné sa place pour l'Ultra Trail du Mont Blanc après la naissance de son premier enfant, et elle ne voulait pas revivre cette situation. À l'époque, il n'y avait pas de politique de report de grossesse pour cet événement, mais elle a décidé de participer malgré tout.
Lors de l'UTMB, le photographe français Alexis Berg a capturé une image marquante de Power allaitant son fils pendant une pause. "Cette photo a indéniablement changé le cours de ma vie", a-t-elle déclaré. Elle a pris conscience que les femmes devaient avoir l'opportunité de participer à des courses lorsqu'elles étaient en forme, et non pas trois mois après un accouchement.
Suite à cette photo virale, Power a fondé l'association SheRaces, visant à éliminer les obstacles pour les femmes dans le sport. Elle a engagé des discussions avec plus de 2 000 femmes pour comprendre les défis qu'elles rencontraient pour participer à des courses.
Power a élaboré neuf principes que les organisateurs d'événements pourraient adopter pour rendre leurs courses plus inclusives pour les femmes. Ces principes incluent l'adaptation du langage utilisé sur les sites web, l'ajout de toilettes pour femmes, et des produits d'hygiène menstruelle. Elle a également plaidé pour des politiques de sécurité et de harcèlement lors des événements.
Des changements ont été observés dans plusieurs grandes courses, y compris l'UTMB, qui a mis en place des politiques de remboursement et de réinscription prioritaire pour les femmes enceintes. Cependant, Power souligne qu'il reste encore beaucoup à faire pour atteindre l'égalité dans le sport.
Power continue de tester ses limites physiques. Elle détient désormais deux records du monde, dont celui de la femme la plus rapide à parcourir l'Irlande. Elle a terminé la distance éprouvante de 340 miles en trois jours, tout en surmontant des conditions météorologiques extrêmes et des hallucinations dues à l'épuisement.
Elle se prépare également à organiser des courses ultramarathons réservées aux femmes et espère que l'association SheRaces ne sera plus nécessaire, car chaque femme pourra un jour se retrouver sur la ligne de départ. "Nous pouvons toutes nous entraider et exiger l'égalité", a-t-elle conclu.
Sophie Power incarne la détermination et le changement dans le sport féminin. Son parcours montre que, malgré les obstacles, il est possible de créer un impact positif et d'inspirer d'autres femmes à poursuivre leurs passions. Son engagement pour l'égalité dans le sport est un exemple à suivre pour de nombreuses générations à venir.