Tout a commencé lors d'un voyage de Xi Jinping au Kazakhstan en septembre 2013. Le président chinois a annoncé son intention de récupérer l'ancienne Route de la Soie, une vaste réseau de routes commerciales reliant l'Asie, l'Europe et le nord de l'Afrique. Ce projet ambitieux a pour but de créer un corridor d'investissements entre la Chine et l'Asie Centrale.
Au fil des années, la Chine a émergé comme une superpuissance, et la nouvelle Route de la Soie, officiellement appelée Initiative du Cinturón et de la Route (BRI), est devenue un outil essentiel de la politique extérieure de Pékin. Elle vise à séduire les pays en développement en leur offrant des opportunités d'investissement.
Le plan chinois est soutenu par de grandes entreprises de construction et des prêts de banques de développement. Actuellement, il englobe environ 21 000 projets d'infrastructure dans plus de 150 pays. Ces projets vont de la construction d'un mégaport au Pérou à un train à grande vitesse au Laos, en passant par une centrale électrique au Zimbabwe.
Les investissements chinois dépassent les 1,2 billion d'euros en prêts, selon certains rapports. Cependant, la situation est complexe, car les prêts sont souvent critiqués pour avoir créé une trappe à dette pour de nombreux pays pauvres incapables de rembourser leurs dettes.
Au cours de la dernière décennie, la Chine est devenue le plus grand créancier des pays en développement, surpassant le FMI et la Banque Mondiale. Avant l'arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2012, les prêts chinois à l'étranger étaient inférieurs à 100 milliards de dollars. En 2021, ce chiffre a atteint un trillion de dollars.
Des pays ont accumulé des dettes insoutenables, représentant entre 10% et 40% de leur PIB. En 2024, 22 pays africains se trouvaient en situation de surendettement, nécessitant une restructuration de leur dette.
Un rapport récent du Lowy Institute indique que 75 des pays les plus pauvres doivent faire face à des paiements de dette record de 22 milliards de dollars à la Chine. Ce rapport souligne que, durant cette décennie, la Chine agira davantage en tant que collecteur de dettes qu'en tant que banquier pour le monde en développement.
La Chine est confrontée à un dilemme : d'un côté, elle doit répondre à des pressions diplomatiques pour restructurer des dettes insoutenables, et de l'autre, elle doit récupérer les créances en cours. Actuellement, elle représente plus de 30% de tous les paiements de dette bilatérale pour les pays en développement.
Un exemple marquant est celui de Zambie, qui a emprunté des milliards à des banques chinoises pour développer son infrastructure. Bien que cela ait d'abord stimulé son économie, le pays a dû réduire ses dépenses en santé et en services sociaux pour rembourser ses dettes, entraînant des difficultés financières.
Une situation similaire a été observée au Sri Lanka, également très endetté envers la Chine, dont l'économie a connu un effondrement en 2022. Ces exemples soulignent les risques associés aux prêts chinois dans le cadre de la Nouvelle Route de la Soie.
La Nouvelle Route de la Soie, bien qu'ambitieuse, présente des défis significatifs pour les pays concernés. Les investissements chinois offrent des opportunités, mais ils entraînent également des risques de surendettement. La situation actuelle soulève des questions sur l'avenir de la coopération économique entre la Chine et les nations en développement.