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« Je suis toute émue de te revoir » : Renée et Dédée, 97 et 98 ans, deux déportées toujours amies 80 ans après leur libération

Publié le : 8 mai 2025

Retrouvailles émouvantes après des décennies

Renée Guette s'est entretenue avec Andrée Dupont, une vieille amie, après plus de 80 ans de séparation. Toutes deux ont été déportées au camp de Buchenwald en 1944. Leur dernière rencontre physique remonte à avril 1945, lors de la libération du camp. Elles ont renoué contact grâce à un appel en visioconférence organisé en avril, auquel l'AFP a assisté.

« Dédée, c’est marrant de se revoir après toutes ces années, on est devenues de vieilles nanas ! », s'exclame Renée, 98 ans, depuis les États-Unis. Andrée, 97 ans, lui répond avec émotion : « Renée, je suis toute émue de te revoir ». Les souvenirs de leur passé commun refont surface, marquant un moment inoubliable.

Des parcours de résistance

Andrée Dupont est née en 1927 dans la Sarthe. Renée Guette, également née la même année à Paris, a grandi dans le Cher. En 1943, elles rejoignent les réseaux de résistance de leurs villages respectifs. Andrée, surnommée « Dédée », utilise sa beauté pour faciliter des opérations clandestines, parcourant la Sarthe à vélo.

Renée, quant à elle, est employée des postes et transmet des messages aux résistants. Elle fait passer clandestinement des tickets de rationnement, jouant un rôle crucial dans la lutte contre l'occupant nazi. Leur engagement et leur courage les unissent dans une lutte commune.

Arrestations et déportation

Le 26 avril 1944, Andrée est arrêtée avec son réseau, comprenant son père et sa tante. Elle se souvient de ce moment : « J’ai compris tout de suite ». Quatre jours plus tard, Renée est arrêtée par un agent de la Gestapo. Leur rencontre se fait à la prison de Romainville, où elles apprennent le débarquement, mais leur espoir de liberté est vaincu.

Le 25 juin 1944, elles arrivent au camp de travail « kommando HASAG-Leipzig », où elles doivent fabriquer des armes pour les nazis. Les conditions de vie sont horribles, marquées par le travail de nuit et des violences constantes. Elles gardent des souvenirs douloureux de cette période.

Les marches de la mort

Mi-avril 1945, les nazis évacuent le camp. Les déportées entament alors les « marches de la mort ». Renée se souvient avoir marché des jours et des nuits, les pieds en sang. Elle évoque l'angoisse de ces moments, se lavant pour la première fois dans l’Elbe, et les dangers omniprésents.

À son arrivée à Paris, Dédée retrouve sa mère, mais son père est déporté. Renée, quant à elle, prend le train pour rentrer chez elle. « On était très marquées », dit-elle, se remémorant son retour et les souvenirs qui l'habitent encore.

Un lien indéfectible

Renée et Andrée, malgré la distance, gardent un lien fort. Renée ne se rend plus en France, mais elle exprime son souhait de revoir Dédée, même si cela signifie arriver « à quatre pattes ». Leur amitié témoigne de la force des liens tissés en temps de guerre.

« Je t’embrasse Dédée, on se retrouvera peut-être là-haut », conclut Renée avant de raccrocher. Ce moment de retrouvailles, chargé d'émotion, rappelle l'importance de la mémoire et de l'amitié dans les épreuves de la vie.

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