Le parlement de Nouvelle-Zélande a voté la suspension de trois députés Māori pour leur haka de protestation lors d'une séance l'année dernière. Cette décision a suscité de vives réactions et soulève des questions sur la liberté d'expression au sein de l'assemblée.
La députée de l'opposition, Hana-Rawhiti Maipi-Clarke, a initié la danse traditionnelle après avoir été interrogée sur le soutien de son parti, Te Pāti Māori, à un projet de loi controversé. Elle a reçu une interdiction de sept jours, tandis que les co-leaders du parti, Rawiri Waititi et Debbie Ngarewa-Packer, ont été suspendus pendant 21 jours.
Le projet de loi à l'origine de cette protestation visait à redéfinir le traité fondateur du pays et a été rejeté depuis. Bien que la Nouvelle-Zélande soit souvent reconnue pour ses efforts en faveur des droits des peuples autochtones, la relation avec la communauté Māori s'est détériorée ces dernières années sous le gouvernement conservateur actuel.
En novembre dernier, une vidéo des trois députés exécutant le haka est devenue virale, attirant l'attention mondiale. Un comité parlementaire a jugé que leur acte pouvait avoir "intimidé" d'autres législateurs. Ces suspensions sont sans précédent, la plus longue précédente ayant duré trois jours.
Maipi-Clarke a prononcé un discours émouvant lors du débat sur les sanctions, déclarant : "Nous ne serons jamais réduits au silence, et nous ne disparaîtrons jamais." Elle a posé une question poignante : "Nos voix sont-elles trop fortes pour cette assemblée – est-ce la raison pour laquelle nous sommes punis ?"
Le ministre des Affaires étrangères, Winston Peters, a été invité à s'excuser après avoir qualifié Te Pāti Māori de "groupe d'extrémistes" et a déclaré que le pays en avait "assez d'eux". Le parti Māori détient six des 123 sièges du parlement.
Le projet de loi sur les principes du traité, qui visait à redéfinir le traité fondateur de la Nouvelle-Zélande avec le peuple Māori, a été rejeté par 112 voix contre 11 en avril. Ce rejet est survenu quelques jours après qu'un comité gouvernemental a recommandé qu'il ne soit pas adopté.
Le parti d'extrême droite, qui a proposé ce projet de loi, a soutenu la nécessité de définir légalement les principes du Traité de Waitangi. Ce traité, signé en 1840 entre la couronne britannique et les dirigeants Māori, a été critiqué pour avoir divisé le pays par la race.
Les critiques affirment cependant que c'est le projet de loi sur les principes du traité qui aurait divisé le pays et affaibli le soutien nécessaire pour de nombreux Māori. Ce projet de loi a provoqué une indignation généralisée, entraînant plus de 40 000 personnes à manifester devant le parlement lors de sa première lecture en novembre dernier.
La suspension des députés Māori met en lumière les tensions persistantes autour des droits autochtones en Nouvelle-Zélande. Alors que les débats continuent, il est essentiel de réfléchir à l'impact de ces décisions sur la représentation et la voix des peuples autochtones dans le pays.