Depuis ce mardi, l'ex-présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner est sous prison domiciliaire pour une durée de six ans. Une décision inattendue a été prise : le juge a ordonné l'installation d'une tobillière électronique. La semaine dernière, sa condamnation pour corruption a provoqué une onde de choc à travers le pays, mais les conditions de sa détention restaient à définir.
Pour éviter que Kirchner ne mène une marche de soutien organisée par le péronisme, le tribunal a informé son avocat, Carlos Beraldi, de sa détention. Ainsi, il n'était plus nécessaire que l'ex-présidente se présente devant le tribunal ce mercredi. Les juges ont justifié leur choix de prison domiciliaire par plusieurs motifs.
Les juges ont expliqué que son incarcération dans un établissement pénitentiaire n'était pas seulement difficile à concilier avec la protection de ses droits fondamentaux, mais aussi qu'elle était légale à remplacer par une autre option. Ils ont également mentionné le risque pour sa vie et son intégrité physique, suite à un attentat dont elle a été victime en septembre 2022.
Cette décision a été prise pour garantir la sécurité de Kirchner sans recourir à des pratiques qui pourraient violer le droit constitutionnel. Ainsi, elle purgera sa peine de six ans de prison, accompagnée d'une interdiction permanente d'exercer des fonctions publiques.
Les procureurs, Diego Luciani et Sergio Mola, avaient demandé une incarcération effective pour l'ex-présidente. La décision du juge Jorge Gorini est donc un compromis : Kirchner pourra rester chez elle, mais devra porter une tobillière électronique. Ce dispositif a été demandé par son avocat, mais le juge a insisté sur son application.
Le péronisme s'organise depuis plusieurs jours pour une mobilisation en soutien à l'ex-présidente, prévue initialement pour demain. La condamnation de Fernández de Kirchner a été confirmée par la Chambre de Cassation, qui a validé une sentence du Tribunal Oral Fédéral de décembre 2022.
La Cour Suprême a récemment examiné le dossier pour s'assurer qu'il n'y avait pas eu de violation des garanties constitutionnelles. Ce travail a été mené par plusieurs juges et procureurs, qui ont tous reconnu la culpabilité de l'ex-présidente. La sentence indique que la fraude à l'encontre de l'administration publique est un "crime fédéral de corruption".
Les accusations contre Fernández de Kirchner concernent des licitations publiques pour des projets routiers dans la province de Santa Cruz, un bastion des Kirchner. Son défunt mari, Néstor Kirchner, a été président et gouverneur de cette province, consolidant leur pouvoir durant plus de deux décennies.
Dans les jours récents, l'ex-présidente s'est décrite comme "une fusillée qui vit". Elle a affirmé que les accusations étaient une manipulation orchestrée sous le gouvernement de Mauricio Macri. Elle se considère comme une victime du lawfare, utilisant la justice à des fins politiques.
Fernández de Kirchner a déclaré : "Ils veulent me voir en prison ou morte, mais ils ne pourront pas empêcher le peuple de revenir." La question de sa succession au sein du péronisme reste incertaine, à moins qu'elle ne souhaite continuer à diriger depuis sa résidence.
Se présentant comme "proscrite", Fernández de Kirchner se compare à Luiz Inácio Lula da Silva, président du Brésil, qui a passé 581 jours en prison avant de revenir au pouvoir. Récemment, Lula a appelé l'ex-présidente pour lui exprimer sa solidarité.
Actuellement, Fernández de Kirchner fait face à trois autres procédures pénales : deux pour corruption et une pour avoir prétendument couvert les auteurs d'un attentat en 1994. Ces affaires ajoutent à la complexité de sa situation politique et judiciaire.
La situation de Cristina Fernández de Kirchner soulève des questions sur la justice et la politique en Argentine. Sa condamnation et les conditions de sa détention marquent un tournant dans l'histoire politique du pays. Les réactions du péronisme et les implications de cette affaire continueront d'avoir un impact significatif sur le paysage politique argentin.