La dette publique en pourcentage du PIB au sein de l'Union Européenne s'établit à 89%. Ce chiffre est influencé par des pays qui affichent une orthodoxie fiscale, compensant ainsi les déséquilibres d'autres nations comme l'Espagne, où la dette dépasse 100% du PIB. Malgré une position fiscale qualifiée de s solide, seulement la moitié de cette dette est jugée de haute qualité, ce qui suscite l'inquiétude du Banque Centrale Européenne (BCE).
Christine Lagarde, présidente du BCE, souligne que "l'Europe fait face à des défis structurels". Le faible taux de croissance persistant et la fragmentation des marchés de capitaux sont préoccupants. Bien que la ratio de la dette sur le PIB en Europe soit de 89%, contre 124% aux États-Unis, la disponibilité d'actifs sûrs de haute qualité est en déclin. Moins de 50% des obligations souveraines en circulation dans l'UE ont une notation AA ou plus, alors qu'aux États-Unis, ce chiffre dépasse 100%.
La notation de crédit des obligations émises par les administrations publiques est cruciale pour les coûts futurs d'intérêts. Plus la note d'une obligation est élevée, plus l'investisseur peut avoir confiance dans le remboursement de son principal. Cette sécurité accrue entraîne une rentabilité plus faible, ce qui permet aux émetteurs d'économiser sur les intérêts.
Le BCE met en avant ce facteur lors de l'évaluation des moyens pour renforcer l'euro. Selon Lagarde, trois leviers doivent être actionnés : la crédibilité géopolitique, la résilience économique et l'intégrité juridique et institutionnelle. Ces éléments sont essentiels pour la stabilité de la monnaie européenne.
La position globale de l'euro repose sur le rôle de l'Europe dans le commerce mondial. L'UE est le premier commerçant au monde, avec des partenariats dans 72 pays et une part de 40% du PIB mondial. Cette position doit être exploitée pour établir de nouveaux accords commerciaux et encourager les transactions en euros.
De plus, Lagarde souligne que "la force économique est la colonne vertébrale de toute monnaie internationale". Il est donc nécessaire d'améliorer la qualité de la dette publique, de compléter le marché unique, et de construire une union solide des marchés de capitaux.
Lagarde s'adresse directement aux gouvernements en affirmant que "la confiance des investisseurs dans une monnaie est liée à la solidité des institutions qui la soutiennent". Le respect de l'État de droit et l'indépendance des institutions sont primordiaux pour renforcer cette confiance.
Elle appelle également à un changement dans le système de vote de l'UE, afin d'éviter qu'un seul vote n'entrave les intérêts de 26 États membres. "L'histoire nous enseigne que les régimes semblent durables jusqu'à ce qu'ils ne le soient plus", avertit-elle.
Ce moment de changement représente une opportunité pour l'Europe. Lagarde évoque un moment d'"euro global" où l'Europe doit agir de manière unie pour prendre le contrôle de son propre destin. Pour renforcer le rôle de l'euro dans le système monétaire international, une action décisive est nécessaire.
En conclusion, l'avenir de l'euro dépend de la capacité de l'Europe à surmonter ses défis structurels. En améliorant la qualité de sa dette et en renforçant ses institutions, l'UE peut consolider sa position sur la scène mondiale.