
La phrase célèbre de Miguel Delibes résonne avec une profonde vérité : "Les choses pourraient avoir eu lieu d'une autre manière et, cependant, elles se sont produites ainsi". Cette réflexion se retrouve dans le film Golpes, le premier long-métrage de Rafa Cobos, qui explore les thèmes de la mémoire et de l'oubli.
Le film Golpes raconte l'histoire de deux frères, interprétés par Luis Tosar et Jesús Carroza. Dans les années 80, l'un est policier, tandis que l'autre vient de sortir de prison. Leur passé commun, marqué par le meurtre de leur père pendant la Guerre Civile, les a séparés depuis leur enfance.
Alors que l'un s'est adapté à la vie qui a suivi, l'autre est déterminé à retrouver le corps de leur père, abandonné dans un champ. Ce désir de récupération se heurte à l'oubli collectif, illustrant la lutte entre mémoire et amnésie au sein de la société.
Le film s'inspire des codes du thriller pour dévoiler les complexités des relations humaines. Cobos utilise des éléments de tension pour explorer la dynamique entre les deux frères. L'un veut retrouver la vérité, tandis que l'autre cherche à oublier.
Cette tension est palpable tout au long du film, où les choix des personnages révèlent leurs motivations profondes. Le spectateur est invité à réfléchir sur les implications de la mémoire et de l'histoire personnelle.
Golpes fait également référence au cinéma quinqui, un genre souvent négligé. Ce style cinématographique, qui a émergé pendant la Transition, illustre les luttes des marginaux et les tensions sociales. Le film rend hommage à cette esthétique tout en la modernisant.
Les images documentaires de Seville dans les années 80, intégrées au récit, renforcent l'authenticité de l'histoire. Elles servent de rappel que la fiction doit souvent s'ancrer dans la réalité pour avoir un impact.
À travers Golpes, Cobos interroge les notions de mémoire historique et de réconciliation. Les personnages incarnent une époque, mais leur lutte personnelle résonne avec des thèmes universels. La quête de vérité face à l'oubli est au cœur de l'intrigue.
Le film se termine sur une note mélancolique, rappelant que le passé ne peut être effacé. Les personnages sont des métaphores vivantes de leur temps, soulignant l'importance de la mémoire collective.
En somme, Golpes est une œuvre puissante qui mêle drame familial et critique sociale. Avec une ambition narrative et une émotion palpable, Cobos réussit à capturer l'essence de l'histoire. Comme le dit Delibes, "Les choses pourraient avoir eu lieu d'une autre manière et, cependant, elles se sont produites ainsi".