Le Groenland, habitué au lent mouvement des glaces vers la mer, a connu des événements récents sans précédent. En janvier, des passants ont reçu une offre surprenante : manger gratuitement dans un hôtel prestigieux, rencontrer le fils du président élu des États-Unis et repartir avec une casquette rouge Make America Great Again. Ce territoire, peuplé de seulement 57 000 habitants, est dépendant du Danemark mais géographiquement plus proche de Washington.
Les médias locaux, généralement centrés sur des sujets comme les crimes ou la pêche, se retrouvent déconcertés par cette soudaine attention. Un dimanche, Usha Vance, épouse du vice-président américain J.D. Vance, a annoncé un voyage au Groenland pour assister à la course nationale de trineos tirés par des chiens, selon un communiqué de la Maison Blanche.
Cette visite a suscité des réactions mitigées. Le premier ministre groenlandais, Múte B. Egede, a qualifié cette démarche de hautement agressive. Il s'est interrogé sur les véritables intentions de la délégation américaine, suggérant que leur présence visait à démontrer un pouvoir sur l'île. "La simple présence de l’équipe américaine augmentera la confiance dans la mission de Trump", a-t-il déclaré.
La Maison Blanche a présenté la visite comme une initiative culturelle. Cependant, des médias locaux affirment qu'il y avait des objectifs politiques sous-jacents. Le maire de Qeqqata, Malik Berthelsen, a même refusé de rencontrer Usha Vance, soulignant le timing de la visite en pleine période de négociations politiques cruciales.
Les Groenlandais ressentent une inquiétude croissante face à cette attention soudaine. Une enquête récente a révélé que 85 % des Groenlandais ne souhaitent pas devenir américains. Pourtant, des événements récents, comme des adolescents rentrant chez eux avec des billets de 100 dollars, témoignent d'une pression inédite. La situation soulève des questions sur l’influence américaine dans cette région.
La députée Pipaluk Lynge a dénoncé une campagne de désinformation qui affecte l'île. Les discussions sur l'annexion du Groenland par les États-Unis ont mis en lumière l'importance stratégique de ce territoire, riche en ressources naturelles. La compétition entre les États-Unis, la Russie et la Chine pour l'influence dans l'Arctique intensifie encore cette dynamique.
La première ministre danoise, Mette Frederiksen, a pris la situation au sérieux, affirmant que toute coopération avec les États-Unis doit respecter les normes de souveraineté. Donald Trump, quant à lui, n'a pas exclu l'utilisation de moyens militaires ou économiques pour acquérir le Groenland. Cela a provoqué des tensions et des critiques au sein de la classe politique groenlandaise.
Les récents résultats électoraux montrent que, bien que des partis s'opposent à l'annexion, d'autres sont ouverts à des accords avec les États-Unis pour le développement économique. Cependant, les discours de Trump ont suscité des réticences, même parmi ceux qui pourraient être favorables à la coopération.
Le Groenland se trouve à un carrefour critique, entre l'intérêt américain croissant et les aspirations de son peuple. Les événements récents soulignent la complexité des relations internationales dans cette région. Alors que l'île fait face à des défis environnementaux et politiques, les Groenlandais restent vigilants face à l'influence extérieure, cherchant à préserver leur souveraineté et leur identité.