Le magistrat du Tribunal Suprême, Ángel Hurtado, a émis une commission rogatoire à destination des États-Unis pour obtenir de manière « urgente » les données des téléphones mobiles du procureur général de l'État, Álvaro García Ortiz. Cette demande fait suite à l'instruction en cours où le procureur est impliqué dans une affaire de révélation de secrets.
Hurtado a donc contacté le fournisseur de services de WhatsApp aux États-Unis, après que l'Irlande a indiqué que la demande d'informations devait être adressée à ce pays. García Ortiz est sous enquête pour la fuite de données confidentielles concernant le compagnon d'Isabel Díaz Ayuso, Alberto González Amador.
La commission rogatoire, à laquelle a eu accès EL MUNDO, a été envoyée lundi dernier. Hurtado a demandé les messages reçus et envoyés sur les deux numéros de téléphone mobile du procureur général. Il a aussi requis les copies de sécurité des chats et fichiers multimédias de l'application WhatsApp, ainsi que le registre de communications entre le 8 et le 14 mars 2024.
Hurtado précise qu'entre le 7 et le 8 mars, García Ortiz aurait agi de manière coordonnée avec Pilar Rodríguez Fernández pour obtenir des informations via un courriel officiel. Ces informations ont été publiées dans eldiario.es le 12 mars à 6h01.
Le 13 mars, un échange de communications a eu lieu entre plusieurs procureurs via WhatsApp, sous la direction de García Ortiz. À 23h51, un courriel daté du 2 février 2024, où González Amador reconnaissait des faits délictuels, a été reproduit dans la version numérique de Cadena Ser.
Hurtado souligne que cette situation constitue une publicité d'informations confidentielles sans autorisation, ce qui pourrait constituer une infraction au regard de l'article 417 du Code Pénal concernant la révélation de secrets.
Dans sa demande, Hurtado évoque les accords de coopération judiciaire entre les États-Unis et l'Espagne de 1990, ainsi que l'accord de 2003 entre les États-Unis et l'Union Européenne. Il souligne que les données demandées se trouvent aux États-Unis, rendant la demande urgente.
La Unité Centrale Opérative de la Guardia Civil a informé le juge que Google et WhatsApp ont confirmé qu'ils conserveraient les données liées à García Ortiz. Les agents ont demandé la conservation des données potentielles pour l'enquête, et WhatsApp a répondu positivement le 29 janvier, suivie par Google le 10 mars.
La Fiscalité a demandé l'imputation de Javier Gómez Fidalgo, l'avocat de González Amador, en lien avec un présumé fraude fiscal. Le procureur estime qu'il existe des indices suffisants pour enquêter sur lui concernant un montant de 350.951 euros et des accusations de falsification documentaire.
Hurtado attend la transmission des données avant de clore l'instruction. Cette affaire met en lumière des enjeux de confidentialité et de transparence au sein du système judiciaire, tout en soulevant des questions sur la gestion des informations sensibles.