Les décès liés à la drogue en Écosse devraient rester les pires d'Europe

Introduction

Les mortalités liées aux drogues en Écosse continuent d'être alarmantes. Pour la septième année consécutive, des chiffres publiés récemment indiquent que l'Écosse demeure la capitale des décès liés aux drogues en Europe. En 2023, le pays a enregistré 1 172 décès dus à l'usage de drogues, portant le total à plus de 10 000 sur une décennie.

Une crise persistante

Les experts prévoient une légère baisse des décès pour 2024, mais ils avertissent que cette diminution pourrait n'être qu'un épiphénomène. Kirsten Horsburgh, directrice du Scottish Drugs Forum, souligne que l'arrivée d'opioïdes synthétiques dangereux, connus sous le nom de nitazènes, représente "une crise sur une crise". Les décès suspects en début d'année dépassent déjà ceux de l'année précédente.

Cette situation est le résultat de changements sociaux et économiques profonds survenus en Écosse depuis la seconde moitié du XXe siècle. La transition de l'économie, marquée par la fermeture des chantiers navals et des usines, a laissé une génération de travailleurs sans repères, exacerbant le sentiment d'aliénation.

Les racines de l'aliénation

Dans un discours célèbre en 1972, le syndicaliste Jimmy Reid a décrit l'aliénation comme le "principal problème social" de la Grande-Bretagne. Il a évoqué des hommes se considérant comme des "victimes de forces économiques aveugles", ce qui engendre un sentiment de désespoir et d'impuissance. Ce phénomène est toujours d'actualité, l'Écosse luttant contre l'alcoolisme et les drogues.

La montée du chômage dans les années 1980, suivie de coupes dans les dépenses publiques après la crise financière de 2007, a aggravé la situation. En 2023, les personnes vivant dans les zones les plus défavorisées avaient plus de 15 fois de chances de mourir d'une overdose que celles des régions les plus riches.

Les conséquences des drogues

Les overdoses ne sont pas les seules manifestations de cette crise d'aliénation. L'Écosse affiche également des taux de suicide et de décès liés à l'alcool parmi les plus élevés d'Europe. Ces problèmes sont souvent liés à la pauvreté, avec des décès dus à l'alcool 4,5 fois plus fréquents dans les zones défavorisées.

Les drogues illégales sont devenues une partie intégrante de la culture nationale. Annemarie Ward, de l'association Faces and Voices of Recovery UK, affirme que l'usage de drogues est désormais normalisé, et elle plaide pour un changement de mentalité face à cette réalité.

Les défis à surmonter

Les raisons de cette crise sont multiples et complexes. Des théories suggèrent l'existence d'une culture de fête macho, une réticence à chercher un soutien en santé mentale, et même la longueur des hivers écossais. De plus, la génération de Trainspotting, marquée par des abus de substances, commence à vieillir, ce qui pourrait expliquer l'augmentation des décès.

Les coupes budgétaires en 2015 ont exacerbé la situation, réduisant l'accès aux services d'addiction. Kirsten Horsburgh met en garde contre les conséquences de ces coupes, soulignant qu'elles ont entraîné une augmentation dramatique des décès liés aux drogues.

Vers une solution

La manière de traiter cette crise reste un sujet de débat. De nombreux experts en santé publique soutiennent une approche de réduction des risques, incluant la fourniture de médicaments de substitution et de salles de consommation. Cependant, Annemarie Ward insiste sur l'importance de la réhabilitation.

Le consensus est que la situation pourrait encore empirer. Les nitazènes, des opioïdes synthétiques beaucoup plus puissants que l'héroïne, pourraient aggraver le nombre de décès. Si des mesures ne sont pas prises rapidement, l'Écosse risque de se retrouver face à une urgence sanitaire sans précédent.

Conclusion

Les causes de la crise des décès liés aux drogues en Écosse sont ancrées dans des facteurs sociaux, économiques et culturels. La peur est que ces éléments créent un effet cumulatif, rendant la situation presque impossible à inverser. Une action concertée est nécessaire pour aborder cette crise et offrir un avenir meilleur aux générations futures.