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James Ellroy : « L'ère de John F. Kennedy, un drogué, prenait des drogues pour la douleur et parce qu'il aimait ça »

Publié le : 10 février 2025

Introduction

Les romans de James Ellroy présentent des variations sur un modèle connu, mais restent toujours aussi impressionnants. Dans "Les séducteurs" (Random House), le cadre habituel de Los Angeles, obsédé par la pornographie et l'extorsion, est de retour. Ce qui change, ce sont les personnages réels qui peuplent cette histoire.

Les personnages emblématiques

Dans "Les séducteurs", nous rencontrons des figures marquantes comme Freddy Otash, un détenteur de secrets. Il est à la fois détective, journaliste et chantagiste. Jimmy Hoffa, syndicaliste et mafieux, ainsi que John Kennedy, connu pour ses addictions, sont également présents. Marilyn Monroe, souvent perçue comme une victime, apparaît ici sous un jour différent.

Ellroy dépeint une Marilyn qui n'est pas la sainte que l'on pourrait imaginer. Elle est présentée comme une manipulatrice, utilisant ses relations pour son propre intérêt. Sa mort, bien qu'entourée de mystère, ne la dépeint pas comme une innocente, mais comme une joueuse dans un jeu de chantage où elle a perdu.

La bonté de Freddy Otash

Freddy Otash, malgré ses actions répréhensibles, montre des signes de bienveillance. À la fin, il fait preuve de générosité en donnant de l'argent à une femme mourante. Cela soulève la question : est-il le seul à agir ainsi dans le roman ? En réalité, il incarne une forme de bonté, même en commettant des actes terribles.

Le vrai Freddy Otash était un libanais très religieux, se signant fréquemment. Ellroy, qui se décrit aussi comme chrétien, ancre son récit dans une perspective chrétienne, ce qui donne une profondeur inattendue à son personnage.

Les thèmes de la drogue et de la sexualité

Les anfétamines jouent un rôle crucial dans le récit, illustrant comment elles ont façonné les années 60. Ellroy mentionne que John F. Kennedy était un consommateur, prenant non seulement des amphétamines, mais aussi des calmants. Cette addiction a influencé sa perception de la puissance et du contrôle.

Concernant la sexualité, Ellroy ne présente pas de scènes d'amour idéalisées. Au contraire, ses personnages, comme Fred, sont souvent terrifiés par l'intimité. L'auteur, qu'il se considère comme puritain, aborde le sujet du sexe avec une certaine réserve, préférant explorer les conséquences du désir.

Réflexions sur le péché et la rédemption

Ellroy évoque l'idée de péché, affirmant que nous sommes tous des pécheurs dans un monde tragique. Il souligne que la justice échoue souvent et que l'amour ne triomphe pas toujours. Cette vision pessimiste contraste avec l'idée d'une utopie, qu'il considère comme n'existant que dans l'au-delà.

Il reconnaît cependant qu'il existe des personnes bienveillantes dans le monde. Son intérêt se porte sur les thèmes de la rédemption et de la lutte contre le péché. Sa relation avec Helen Knode, sa compagne actuelle, lui a permis de voir la rédemption sous un jour nouveau dans ses œuvres.

La vision artistique d'Ellroy

James Ellroy se décrit comme un écrivain autonome, ne cherchant pas l'inspiration dans le travail des autres. Bien qu'il apprécie la musique, notamment le jazz et la musique classique, il ne considère pas ses livres comme musicalement influencés. Il préfère s'appuyer sur ses propres idées et images.

En fin de compte, Ellroy se concentre sur les réalités sombres de la vie, tout en reconnaissant la complexité de ses personnages. Sa vision du monde est à la fois tragique et nuancée, reflétant les luttes humaines.

Conclusion

James Ellroy, à travers "Les séducteurs", offre une narration fascinante qui interroge la moralité et la nature humaine. Ses personnages, bien que souvent imparfaits, sont profondément humains. L'œuvre d'Ellroy continue de captiver et de provoquer, nous poussant à réfléchir sur nos propres perceptions de la bonté et du péché.

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