
Ce mercredi, sur le réseau social X, l'essayiste et militante féministe Rokhaya Diallo a vivement critiqué l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Elle a dénoncé « un dessin hideux » la représentant en Joséphine Baker, ceinture de bananes à la taille. Cette caricature a suscité des réactions et le soutien de nombreux élus de gauche.
Rokhaya Diallo a qualifié ce dessin de raciste, une accusation que le journal a rejetée en l'accusant de manipulation. Elle a exprimé que ce dessin vise à rappeler sa place dans la hiérarchie raciale et sexiste, s'inscrivant dans « le droit fil de l'imagerie coloniale ». Pour elle, Charlie Hebdo est incapable de confronter les idées d'une femme noire sans la réduire à un corps dansant et exotisé.
En réponse, Charlie Hebdo a affirmé que ce dessin, signé par son directeur Riss, illustre un article sur « les fossoyeurs de la laïcité ». Le journal a précisé que l'article dénonçait les positions de Diallo contre la loi de 1905, qu'elle a toujours condamnée. Ils ont accusé la militante d'assigner chacun à son origine ethnique et religieuse, contre l'universalisme républicain.
Rokhaya Diallo a reçu un large soutien de la part de responsables politiques de gauche. Olivier Faure, le patron du PS, a dénoncé l'imagerie des expositions coloniales véhiculée par le dessin. Il a souligné que, bien que la caricature soit un droit, elle ne doit pas échapper à la critique.
L'écologiste parisien David Belliard a également exprimé son indignation, qualifiant l'image de violente et raciste. De nombreux élus insoumis ont apporté leur soutien à Diallo, dénonçant les similitudes entre Charlie Hebdo et d'autres publications comme Minute et Valeurs Actuelles.
Ce n'est pas la première fois que Rokhaya Diallo et Charlie Hebdo se confrontent. Ils ont déjà eu des désaccords sur les notions d'universalisme et de laïcité, des sujets qui fracturent la gauche française. Diallo a insisté sur le fait que la référence à Joséphine Baker est en soi raciste, déplorant le choix de cette image plutôt que d'autres éléments de son parcours.
Elle a également critiqué la réponse de Charlie Hebdo, affirmant qu'au lieu de présenter des excuses, le journal a tenté de noyer le poisson. En conclusion, Diallo a résumé que ce dessin, peu importe le texte qui l'accompagne, suintera toujours le racisme.
La polémique autour de cette caricature de Charlie Hebdo met en lumière des tensions persistantes au sein de la gauche française. Les accusations de racisme et les débats sur l'universalisme et la laïcité continuent de diviser les opinions. Les réactions des responsables politiques soulignent l'importance de ces questions dans le paysage actuel.