
Le 30 avril 2024, à son arrivée à Barcelone, Carlos Torres a dû mettre fin à une bataille qu'il allait perdre. Le président du Sabadell, Josep Oliu, lui a annoncé l'annulation d'une rencontre cruciale. En effet, la chaîne britannique Sky News avait révélé que BBVA avait engagé JP Morgan pour une fusion avec Sabadell.
Cette annonce a révélé que BBVA, le deuxième plus grand banque d'Espagne, envisageait d'absorber le Banco Sabadell. Ce dernier, bien que basé à Alicante, est un acteur financier majeur pour la Catalogne. La fuite d'information est survenue au moment où la campagne électorale en Catalogne battait son plein.
Le refus d'Oliu de rencontrer Torres a clairement indiqué que la fusion ne serait plus amicale. Torres a alors informé la Commission Nationale du Marché des Valeurs (CNMV) que l'opération n'allait pas se concrétiser. Il a ainsi évité de se compromettre dans une campagne où la perte d'autonomie du Sabadell était un sujet sensible.
Malgré cette défaite, Torres a décidé de continuer la lutte, mais en utilisant une approche prudente. Il a reconnu que la situation était difficile, mais n'a pas abandonné. Il a déclaré à EL MUNDO que "l'OPA va sortir", soulignant que l'absence d'une telle opération mettrait le Sabadell en difficulté sur le marché boursier.
Le jour même où il a été interrogé sur sa démission, le Sabadell a chuté en bourse, tandis que BBVA a enregistré une hausse de 5,98 %. Cette situation a mis en évidence la tension croissante entre les deux banques.
La défaite de Torres n'est pas économique, mais plutôt un échec en matière de leadership. Son parcours est marqué par une détermination mêlée d'une certaine arrogance. Bien qu'il soit un expert en stratégie, sa gestion de la situation actuelle a surpris son entourage.
Diplômé en Ingénierie Électrique et en Administration des Entreprises du MIT, Torres a une carrière impressionnante. Il a été associé chez McKinsey à 31 ans et a dirigé la stratégie d'Endesa à 35 ans. Cependant, son expérience passée ne l'a pas préparé à cette situation complexe.
En 2008, Francisco González, président de BBVA, a recommandé Torres pour un poste stratégique. Il a été chargé de la digitalisation de la banque, une mission qu'il a accomplie avec succès. En 2015, il a été nommé directeur général, marquant un tournant dans sa carrière.
Malgré le succès initial, l'arrivée de l'affaire Villarejo a compliqué les choses pour Torres. Il a choisi de se dissocier de son prédécesseur et de définir une nouvelle ligne de défense. Actuellement, l'affaire est toujours en cours, mais BBVA espère une issue favorable.
En fin de compte, la tentative de fusion entre BBVA et Sabadell a mis en lumière les défis auxquels Carlos Torres fait face. Sa stratégie, bien qu'ambitieuse, n'a pas abouti comme prévu. Il doit maintenant naviguer dans un environnement complexe, tout en cherchant à restaurer la confiance et la stabilité au sein de BBVA.