
Dans le monde de l'intelligence artificielle, deux récits principaux émergent : d'un côté, des ingénieurs brillants avec des salaires astronomiques, et de l'autre, des travailleurs précaires. Pourtant, derrière le développement de l'IA se cache un énorme réseau de travailleurs, allant des annotateurs de données aux experts formant des modèles spécialisés.
Les modèles d'IA nécessitent un entraînement spécialisé pour fonctionner efficacement. Par exemple, depuis janvier, Tina Lynn Wilson, une freelance à Hamilton, travaille pour une entreprise nommée DataAnnotation. Elle se charge de vérifier la grammaire, l'exactitude et la créativité des réponses générées par l'IA, un travail qui demande à la fois compétences analytiques et attention aux détails.
Ce type de travail fait partie d'un réseau largement méconnu de travailleurs de l'économie de l'IA. Des entreprises comme Outlier AI et Handshake AI recrutent ces formateurs pour aider à l'entraînement de leurs modèles. Bien que certains travaux d'annotation soient mal rémunérés, il existe une large gamme d'emplois dans ce domaine.
La formation des systèmes d'IA repose sur d'énormes quantités de données, mais cela ne suffit pas. Pour que ces systèmes soient précis et utiles, un processus appelé ajustement fin est nécessaire, qui dépend de l'expertise humaine. Les formateurs canadiens, comme Wilson, gagnent environ 20 dollars de l'heure, mais les tâches peuvent être inconstantes.
Wilson souligne qu'il est difficile de compter sur ce travail comme source principale de revenus. De nombreux annotateurs le considèrent comme un complément de revenu. L'évaluation des réponses générées par l'IA nécessite une attention particulière pour déterminer si elles semblent humaines.
Le marché pour ces emplois évolue, avec une demande croissante pour des travailleurs spécialisés. Scale AI a récemment licencié des travailleurs généralistes, se tournant vers une formation plus technique. Des modèles plus avancés, comme ceux de DeepSeek, ont commencé à automatiser ce processus d'ajustement.
Eric Zhou, un ancien freelance d'Outlier AI, a constaté que les tâches prenaient souvent plus de temps que prévu, ce qui créait des frustrations. Bien que le travail soit intéressant, il se rend compte que les travailleurs spécialisés se sentent souvent remplaçables.
Le secteur de l'IA repose sur une chaîne d'approvisionnement mondiale, souvent sous-traitée à des pays à faibles salaires. Cela inclut des tâches de labeling de données, qui peuvent être épuisantes. Des millions de personnes sont employées dans ce domaine, souvent dans des conditions de travail difficiles.
James Muldoon, co-auteur du livre Feeding the Machine, souligne que ces travailleurs font face à des conditions de travail exécrables. Beaucoup aspirent à des rôles plus significatifs dans le secteur technologique, mais se retrouvent coincés dans des tâches peu gratifiantes.
En somme, l'économie de l'IA repose sur un travail humain souvent invisible. Bien que la technologie avance rapidement, il est crucial de reconnaître l'importance des personnes qui rendent cela possible. Les défis liés aux conditions de travail et à la rémunération doivent être abordés pour garantir un avenir durable pour tous les acteurs de cette industrie.