Mijail Shishkin, écrivain russe né à Moscou en 1961, vit en exil depuis près de trois décennies. Dans son essai intitulé 'Mi Rusia', publié l'année dernière, il critique sévèrement Vladimir Poutine. Selon lui, la maladie russe est la "futurofobie", un profond malaise face à l'avenir.
Shishkin souligne que l'existence d'un régime totalitaire dépend de la guerre. Pour lui, un pays doit être entouré d'ennemis et transformé en camp militaire. Dans cette optique, il est crucial d'établir une religion d'État qui justifie cette guerre.
Il explique que l'orthodoxie a défendu une foi juste, tandis que le communisme prétendait libérer l'humanité du mal. La religion de la Russie de Poutine se concentre sur la "grande victoire", un passé glorieux à répéter indéfiniment.
Shishkin se demande si Poutine peut réellement annuler le passé, notamment la défaite durant la Guerre froide et l'affirmation de l'Ukraine comme État. Il affirme que la Russie moderne partage son passé avec le monde, car ce dernier est contagieux.
Les théoriciens de la "démocratie souveraine" soutiennent que le putinisme lance une nouvelle vague sociopolitique, visant à libérer les pays occidentaux des chaînes de la politique actuelle.
La guerre en Ukraine transforme la Russie, renforçant le régime de Poutine. Shishkin note que ce régime ne peut être détruit que par une défaite militaire, semblable à celle de l'Allemagne nazie. Toutefois, la présence d'armes nucléaires rend cela impossible.
Il met en lumière la futurofobie qui règne en Russie, soulignant qu'une véritable démocratie nécessite une rotation constante du pouvoir. La nouvelle élite criminelle, née dans les années 90, s'accroche à son pouvoir et cherche à prolonger le statu quo.
Shishkin évoque la nouvelle idée d'État, centrée sur la stabilité, qui vise à préserver le présent tout en regardant vers le passé. Selon les autorités, "s'il y a Poutine, il y a Russie". Cela signifie que l'avenir dépend du régime actuel.
Les dirigeants affirment que le chaos et la guerre civile surviendront si ce gouvernement venait à tomber. Par conséquent, ils estiment que l'avenir ne doit pas se réaliser, et une victoire en Ukraine ne ferait qu'accentuer la dictature.
En résumé, Mijail Shishkin offre une analyse percutante de la situation en Russie sous Poutine. La futurofobie et le besoin de maintenir un régime autoritaire sont au cœur de ses préoccupations. La guerre en Ukraine ne fait qu'aggraver cette dynamique, renforçant le contrôle du pouvoir en place.