Élections Décisives En Moldavie : Le Choc De Deux Visions De L'Histoire
Introduction
La distance entre la village de Cocieri et la ville de Dubasari en Moldavie est minime, mais la ligne de démarcation surveillée par deux soldats russes représente deux mondes opposés. Ces deux visions du passé et du futur s'opposent, créant une polarisation extrême.
Un Monde Séparé
En s'éloignant de Cocieri et Molovata Noua, qui sont sous le contrôle de Chișinău, et en entrant à Dubasari, on constate un changement radical. Les caractères latins et la langue moldave laissent place au cyrillique et au russe. Les cartes de crédit occidentales disparaissent, remplacées par les roubles transnistriens.
Ce territoire est dominé par les affaires de la marque Sheriff, propriété de Viktor Gushan, un oligarque influent. Les supermarchés et stations-service témoignent d'une nostalgie palpable pour l'URSS, avec des bâtiments en déclin et des infrastructures vieillissantes.
Les Élections Cruciales
Pour Viktor Besleaga, habitant de Molovata Noua, les élections parlementaires de ce dimanche sont plus qu'une simple célébration électorale. Les sondages montrent que le Parti Action et Solidarité (PAS) de la présidente Maia Sandu pourrait perdre sa majorité face à la montée des partis prorusses.
Viktor, ancien soldat ayant combattu en 1992, exprime ses craintes : "Une défaite signifierait un retour à l'occupation russe." Son expérience personnelle souligne l'importance de ces élections pour l'avenir de la Moldavie.
Polarisation Idéologique
Le contraste entre les deux villages et Dubasari illustre la lutte idéologique en Moldavie. Depuis son indépendance en 1991, le pays a oscillé entre l'influence russe et l'orientation occidentale. La polarisation s'est intensifiée lors du référendum de l'année dernière, où une majorité a voté pour l'intégration à l'Union Européenne.
Avec la guerre en Ukraine, cette lutte prend une dimension plus large, la Moldavie étant perçue comme un enjeu stratégique. Les autorités moldaves craignent que la domination prorusse au Parlement ne transforme le pays en une plateforme hostile envers l'Ukraine.
Interférences Étrangères
Les allégations d'interférence russe dans ces élections alimentent les tensions. Les politiciens de l'opposition affirment que le gouvernement utilise la peur pour mobiliser ses électeurs. "La Russie interfère, mais pas à des niveaux alarmants", déclare un politicien socialiste, soulignant la manipulation politique en cours.
Les accusations de dictature et de corruption sont omniprésentes dans le discours politique. Les partisans du PAS, quant à eux, défendent la légitimité de leurs actions, affirmant que leurs décisions sont transparentes et prises par des institutions indépendantes.
Une Histoire Tragique
Le musée dirigé par Alexandra Besleaga à Molovata Noua rappelle les tragédies de la guerre de 1992, où six habitants ont perdu la vie. "Mon village, je t'ai défendu", indique une inscription accompagnant des photos. Cette mémoire est essentielle pour comprendre les conflits actuels.
La perception de l'histoire a évolué en Moldavie, devenant un champ de bataille idéologique. Les monuments à la mémoire des soldats soviétiques sont régulièrement vandalisés, reflétant la division profonde de la société moldave. Alexandra insiste sur l'importance de se souvenir de ces événements, tout en rejetant leur instrumentalisation politique.
Conclusion
La Moldavie se trouve à un carrefour décisif, où le choix entre Moscou et Bruxelles est plus que jamais palpable. Les enjeux électoraux de ce dimanche pourraient déterminer le futur du pays, tant sur le plan interne qu'international. La mémoire de ses conflits passés pèse lourdement sur les décisions présentes.
