La Syrie se prépare à tenir ses premières élections parlementaires depuis le renversement de Bashar al-Assad, orchestré par Ahmed al-Sharaa. Ces élections, prévues pour dimanche, suscitent des inquiétudes quant à leur inclusivité et à des retards successifs. Ce contexte soulève des questions sur la légitimité du processus électoral.
Les élections ne permettront pas un vote direct pour l'Assemblée populaire, qui doit légiférer durant une période transitoire. Au lieu de cela, des "collèges électoraux" sélectionneront des représentants pour deux tiers des 210 sièges. Le reste sera nommé par le président intérimaire, Ahmed al-Sharaa.
Ce dernier a évincé Assad après une guerre civile qui a duré 13 ans. Les autorités ont justifié le report des élections dans trois provinces, en raison de problèmes de sécurité. Ces régions, contrôlées par des Kurdes, ont connu des affrontements mortels entre les forces gouvernementales et des milices.
Plus de 1 500 candidats, tous membres des collèges électoraux, sont en lice. Les partisans de l'ancien régime et ceux prônant la sécession ont été exclus. De plus, au moins 20 % des membres des collèges doivent être des femmes, mais il n'existe pas de quotas pour les femmes députées ou pour les minorités ethniques.
Le président choisira également des représentants pour 70 sièges en dehors des collèges électoraux. Cela soulève des préoccupations sur son influence directe sur la composition du parlement, ce qui pourrait compromettre son indépendance.
Des groupes de la société civile ont exprimé des craintes quant à la nature symbolique des élections. Ils estiment que la structure actuelle ne reflète pas la volonté des électeurs et permet à l'autorité exécutive de dominer une institution censée être indépendante.
Sharaa a défendu le processus électoral en évoquant des difficultés liées à la pénurie de documents et au fait que de nombreux Syriens vivent à l'étranger. La situation sécuritaire dans certaines provinces a également été citée comme raison des reports.
Les tensions demeurent élevées dans des régions comme Raqqa et Hassakeh, où des milices kurdes contrôlent la situation. La guerre sectaire qui a éclaté récemment a exacerbé les divisions. Les violences ont fait plus de 1 000 victimes, principalement parmi la population druze.
Des voix au sein de la communauté druze critiquent le processus électoral, le qualifiant d'« appointment » plutôt que d'élection. Les citoyens se disent dans l'incertitude, n'ayant pas accès à des listes de candidats ou d'informations sur le processus.
Les élections en Syrie marquent un moment crucial dans le paysage politique du pays. Toutefois, les préoccupations concernant l'inclusivité et la représentation soulèvent des doutes sur la véritable nature de cette transition. Alors que le pays tente de se reconstruire, il reste à voir si ces élections seront un pas vers une démocratie authentique.