Ce été, l'Espagne a connu une situation sans précédent avec un excédent d'énergie propre. Entre juin et août, les producteurs de parcs renouvelables, principalement photovoltaïques, ont dû renoncer à une partie importante de leur production. Cela est dû aux limitations du système à absorber cette énergie, entraînant un gaspillage significatif.
Selon les données d'Appa, le volume d'énergie verte perdue a dépassé les 1.800 GWh durant l'été. En juillet, les vertidos ont atteint près de 11% de la production renouvelable totale, contre seulement 3% en juillet 2024. En août, ce chiffre a légèrement baissé à 7%, mais comparé à 2% l'année précédente, la situation reste préoccupante.
José María González Moya, directeur général d'Appa, souligne que ces chiffres montrent une tendance inquiétante. Le coût de cette énergie non utilisée équivaut à plus de 129 millions d'euros, basé sur le prix moyen de l'OMIE. Cependant, certains experts nuancent cette estimation, indiquant que la valeur marchande de l'énergie dépend de l'heure de production.
Une partie de cet excédent est liée à l'énorme expansion de la capacité photovoltaïque. Entre juillet 2024 et 2025, environ 7 GW de solaire ont été ajoutés au système. Toutefois, cette augmentation n'a pas été accompagnée d'une demande équivalente, en raison notamment de la saturation des réseaux électriques.
La production solaire, qui se concentre durant les heures de pointe, se heurte à un manque de demande. Lorsque la production dépasse la consommation, Red Eléctrica ordonne des arrêts techniques, exacerbant la situation. Le déploiement lent des solutions de stockage aggrave également ce problème, limitant la capacité à utiliser l'énergie produite.
Le changement de mode de fonctionnement du système après le blackout du 28 avril a également joué un rôle. Moya explique qu'en juillet 2025, la production photovoltaïque a augmenté de 25%, mais les vertidos ont également augmenté. Cela est dû à des restrictions supplémentaires mises en place pour assurer la sécurité du réseau.
Bien que Red Eléctrica réfute cette explication, affirmant que l'impact principal provient de l'estacionalité et de l'augmentation de la puissance renouvelable, les données montrent une tendance à la hausse des vertidos depuis mai. Cette situation complique encore davantage la vie des producteurs photovoltaïques en Espagne.
En août, les producteurs ont enregistré 57 heures à des prix négatifs et 136 heures à des prix très bas. Le prix moyen le plus bas a été de 15,51 €/MWh pendant les heures de forte production. Ce contexte met encore plus de pression sur les producteurs qui doivent faire face à une demande insuffisante.
Moya insiste sur l'urgence d'augmenter la demande et d'accélérer le déploiement des systèmes de stockage. Bien que des projets soient en cours, leur mise en service prendra plusieurs années. Le rejet du décret antiapagones par le Congrès a également freiné les initiatives nécessaires pour réduire les vertidos.
En somme, la situation actuelle des vertidos en Espagne nécessite une action immédiate. Il est crucial de réévaluer la planification des réseaux pour favoriser à la fois la demande et la génération d'énergie renouvelable. Un équilibre entre différentes technologies, comme la photovoltaïque, l'éolien et la biomasse, est essentiel pour surmonter ces défis.