Pourquoi les gens ne veulent-ils pas plus d'enfants ? Cette question est souvent posée, mais un nouveau rapport mondial suggère que le véritable problème réside dans le manque de choix, plutôt que dans un manque de désir. Le rapport du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) met en lumière cette réalité complexe.
Le rapport indique que de nombreuses personnes ne peuvent pas créer la famille qu'elles souhaitent. Dr. Natalia Kanem, directrice exécutive de l'UNFPA, souligne que ce manque de choix constitue la véritable crise de fertilité. Les besoins exprimés incluent un congé familial payé, des soins de fertilité abordables et des partenaires de soutien.
Selon une enquête menée par YouGov, environ un adulte sur cinq dans 14 pays a déclaré qu'il ne pourrait pas avoir le nombre d'enfants souhaité. Les principales barrières identifiées sont économiques, avec 39 % des personnes interrogées affirmant que des limitations financières influençaient leur capacité à réaliser leur taille familiale désirée.
Au Canada, des données précédentes de Statistique Canada révèlent des tendances similaires. En 2022, 37 % des personnes interrogées ont indiqué qu'elles ne croyaient pas pouvoir se permettre d'avoir un enfant dans les trois prochaines années. Rania Tfaily, professeure associée à l'Université Carleton, souligne que de nombreux Canadiens font face à des contraintes structurelles qui entravent leurs aspirations en matière de fertilité.
Ce sujet a également été abordé lors de la campagne électorale fédérale, lorsque le leader conservateur Pierre Poilievre a évoqué la difficulté pour les jeunes d'acheter un logement avant que leur horloge biologique ne soit écoulée. En 2022, 32 % des Canadiens âgés de 20 à 29 ans ne croyaient pas avoir accès à un logement adéquat pour fonder une famille.
Il ne s'agit pas seulement d'un manque de choix. De plus en plus de personnes considèrent avoir moins d'enfants comme désirable. Lisa Strohschein, professeure de sociologie à l'Université de l'Alberta, note que les femmes canadiennes souhaitaient en moyenne plus de deux enfants entre 1990 et 2006. Cependant, en 2022, le nombre désiré est tombé à 1,5, et ce chiffre est encore plus bas chez les jeunes.
Il est important de noter que, malgré un désir de moins d'enfants, de nombreuses femmes ont tendance à avoir moins d'enfants que ce qu'elles souhaitent réellement. Cela soulève des questions sur la planification familiale et l'autonomie reproductive.
Le rapport de l'UNFPA souligne que les droits reproductifs sont essentiels. Une crise de l'agence reproductive se manifeste lorsque les individus ne peuvent pas prendre des décisions informées sur leur vie familiale. Par exemple, un tiers des répondants ont déclaré avoir connu une grossesse non désirée, et près d'un sur cinq a ressenti une pression pour avoir des enfants.
Ces facteurs peuvent influencer le taux de fertilité, surtout lorsque les décideurs politiques tentent de contrôler l'autonomie reproductive. Les interdictions d'avortement, par exemple, peuvent amener les individus à renoncer à la reproduction, qu'ils le veuillent ou non.
Alors que certains, comme l'ancien président américain Donald Trump, proposent des incitations pour encourager la natalité, le rapport de l'UNFPA souligne que de telles mesures ne fonctionnent souvent pas. Elles ne créent pas les conditions nécessaires que les gens estiment nécessaires pour fonder une famille.
Les experts suggèrent que des politiques économiques, telles que des congés parentaux garantis et des services de garde d'enfants abordables, pourraient aider. Rania Tfaily souligne l'importance de réduire le stress financier des familles pour atteindre leurs objectifs de fertilité.
En fin de compte, la question de la natalité est complexe, mêlant désirs personnels et réalités économiques. Pour permettre aux gens d'atteindre leurs aspirations familiales, il est crucial de créer un environnement qui favorise le choix et soutienne les familles. Les solutions doivent être adaptées aux besoins des individus et des couples.