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La mère qui a perdu neuf enfants dans un bombardement à Gaza : "J'ai vu leurs corps carbonisés et méconnaissables. Je demande seulement qu'on sauve le seul qui reste en vie"

Publié le : 30 mai 2025

Le témoignage d'Alaa al-Najjar

La docteure Alaa al-Najjar, pédiatre à l'hôpital Nasser à Jan Yunis, a été témoin de l'horreur que vivent des milliers de familles à Gaza. Un jeudi après-midi, un bombardement de l'armée israélienne a frappé une maison près d'une station-service dans le quartier Fares, à moins d'un kilomètre de son lieu de travail. Alaa a pressenti le pire... c'était sa maison.

Elle a tout laissé et a couru vers les lieux. "Mes collègues me criaient de m'arrêter, que c'était dangereux. Mais là étaient mon mari et mes enfants", raconte-t-elle en larmes. Ce qu'elle a trouvé, ce sont les décombres de son foyer. "J'ai vu les corps de mes enfants, carbonisés, méconnaissables. Je n'ai pu identifier que le plus petit, Rival, âgé de quatre ans", explique-t-elle avec la voix brisée.

La tragédie familiale

Dans cette attaque, neuf de ses dix enfants ont perdu la vie. Seul Adam, âgé de 11 ans, a survécu, aux côtés de son père Hamdi, également médecin à l'hôpital, bien qu'ils aient tous deux été gravement blessés. Les corps de Yahya, 12 ans, et Sidra, six mois, restent introuvables sous les débris de l'immeuble.

Depuis ce jour tragique, Alaa reste à l'hôpital, se déplaçant entre la chambre d'Adam et l'unité de soins intensifs où son mari lutte pour sa survie. "Hamdi est dans un état critique. Il a une lésion cérébrale, une autre au niveau de l'épaule et une grave blessure au poumon gauche. Il a déjà été opéré trois fois", précise-t-elle. "Je prie Dieu pour qu'il se rétablisse".

Les espoirs d'Alaa

Malgré tout, l'état de son fils Adam montre des signes d'amélioration. "Il a une grave blessure au bras et a subi trois opérations. Il souffre beaucoup, mais nous espérons qu'il se remettra", affirme la docteure. La situation émotionnelle d'Alaa est critique. "Elle pleure et prie constamment, elle ne peut pas parler au téléphone et sa douleur est indescriptible", raconte sa petite-fille.

Alaa a perdu tout ce qui lui était cher. "C'était une femme très forte, elle soignait les enfants des autres et n'a pas pu sauver les siens", ajoute-t-elle. Le 23 mai, au milieu du chaos des bombardements, Alaa a également perdu son téléphone portable, contenant des photos et vidéos de sa vie d'avant.

La mémoire des enfants

La pédiatre se souvient de ses dix enfants avec tendresse : "Yahya, 12 ans ; Adam, 11 ; Rakan, 10 ; Eve, 9 ; Jobran, 8 ; Raslan, 5 ; Rival, 4 ; Sadin, 3 ; Loqman, 2 ; et Sidra, 6 mois. Ils étaient des enfants éduqués, aimables, qui étudiaient le Coran et parlaient anglais." Ils prenaient soin les uns des autres, car leurs parents travaillaient.

Les enfants avaient des passions variées : ils adoraient les jeux vidéo; Yahya et Adam aimaient lire des contes en anglais; Rakan se déguisait en Spider-Man; Yahya préparait des salades; Eve jouait avec des Barbies; et Rival adorait le chocolat et les biscuits. De plus, ils passaient beaucoup de temps à étudier avec leur père, notamment le Coran, les mathématiques, les sciences et l'anglais.

Un appel à la communauté internationale

Samah, la petite-fille d'Alaa, a demandé au Corriere : "Écrivez qui sont mes cousins", reflétant la peur de nombreuses familles à Gaza de devenir de simples statistiques parmi les plus de 54 000 morts du conflit. Alaa et sa famille lancent un appel à la communauté internationale pour qu'elle "se lève et défende Gaza et ses enfants".

"Nous voulons vivre en sécurité, que les parents, mères et enfants ne continuent pas à mourir", exprime Alaa. Elle demande également que son mari et son fils puissent recevoir des soins médicaux à l'étranger, "car ici les ressources sont très limitées et, sans traitement approprié, ils ne pourront pas survivre".

Conclusion

Le témoignage d'Alaa al-Najjar met en lumière une réalité tragique et déchirante. Son histoire est celle de milliers de familles à Gaza, appelant à l'aide et à la sauvegarde de leurs vies. La communauté internationale doit entendre cet appel urgent pour mettre fin à cette souffrance insupportable.

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