La transition écologique est devenue un élément central des cursus en architecture. Les étudiants sont confrontés à un dilemme : comment répondre aux besoins en habitat tout en restant respectueux de l'environnement ? Édouard, étudiant en M1 à l’Ensa Paris Est, résume cette problématique en affirmant que le meilleur moyen de ne pas polluer est de ne pas construire.
Pour Édouard, la prise de conscience des enjeux environnementaux est précoce. Dès les premiers cours, il découvre des chiffres alarmants sur les émissions de carbone dans le secteur de la construction. Ce domaine, avec le transport et l'agriculture, est l'un des plus polluants. Le béton, utilisé depuis longtemps, est particulièrement critiqué pour son impact.
Cette réalité soulève des questions cruciales sur les méthodes de construction. Les étudiants, comme Karl-Anthony, reconnaissent l'héritage de la culture du béton et l'importance de nouvelles réglementations. Ils estiment qu'il est nécessaire de faire un grand pas en avant, malgré les défis que cela représente.
Au cours de leur formation, les étudiants passent beaucoup de temps à élaborer des projets. Karl-Anthony souligne que ces ateliers doivent prendre en compte l'environnement. Cependant, il note que la prise de conscience dépend aussi des enseignants. Dans le cursus d'Édouard, la question environnementale est moins présente, ce qui laisse une certaine liberté d'ignorer ces enjeux.
Guillaume, étudiant en 7e année, a choisi de se concentrer sur la réhabilitation plutôt que la construction neuve. Il a réalisé un projet de fin d'études sur un Ephad utilisant des matériaux écologiques. Cette orientation vers la réhabilitation témoigne d'un changement de mentalité parmi les futurs architectes.
Rose, étudiante en L3 à Rennes, témoigne d'une sensibilité accrue à la question écologique parmi les nouvelles générations. Elle souligne que cette préoccupation est maintenant intégrée dès la L1, avec des cours sur les matériaux biosourcés et leur impact sur la santé. Cependant, elle constate que la réalité du terrain peut parfois contredire ces valeurs.
Les étudiants, comme Lilou, choisissent des études d'architecture avec l'intention de rénover plutôt que de construire. Ils cherchent à utiliser l'existant pour lutter contre les passoires thermiques. Ce changement d'approche est également visible dans les choix de cours, où la demande pour des enseignements sur la construction durable augmente.
Malgré leur engagement, les étudiants ressentent une angoisse face à l'avenir. Édouard envisage de poursuivre ses études sur les questions environnementales, tandis que Rose hésite sur sa direction professionnelle. Ils souhaitent tous deux travailler dans des structures qui partagent leurs valeurs écologiques.
Guillaume, quant à lui, envisage une carrière dans les collectivités territoriales pour adapter les villes au changement climatique. Il souligne que l'architecture doit évoluer pour réduire son impact environnemental et que chaque architecte a un rôle à jouer dans cette transformation.
Selon Nicolas Tixier, professeur à l'ENSA Grenoble, la sensibilité écologique a évolué au fil des ans. Les étudiants arrivent avec une conscience accrue des enjeux environnementaux, et l'enseignement s'adapte en conséquence. L'architecture est désormais perçue comme un domaine où l'impact doit être minimisé, voire positif.
Les écoles d'architecture sont donc devenues des lieux d'engagement, où la transition écologique est intégrée dans les formations. L'objectif est de construire de manière éthique, en prenant en compte l'environnement social et naturel. Cela nécessite une réflexion profonde sur nos modes de vie et notre approche de la construction.
La transition écologique est un enjeu majeur pour les futurs architectes. Ils doivent naviguer entre leurs aspirations professionnelles et les réalités du secteur. Avec une sensibilité accrue aux enjeux environnementaux, les étudiants cherchent à réinventer leur métier pour construire un avenir plus durable. L'architecture doit évoluer pour répondre aux défis de demain.