Le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, a fait sa première apparition en cour depuis son arrestation le mois dernier. Il a été placé dans une prison de haute sécurité à Silivri. Imamoglu est détenu sur des accusations de corruption et de terrorisme, mais il comparaissait dans une affaire distincte.
Lors de son audience, Imamoglu a été accusé d'avoir tenté d'intimider le procureur en chef d'Istanbul, Akin Gurlek. Les opposants à Erdogan qualifient son arrestation de "tentative de coup contre notre prochain président". Cette détention a engendré les plus grandes manifestations anti-Erdogan depuis plus d'une décennie.
Imamoglu a déclaré au tribunal : "Je suis ici parce que j'ai gagné des élections trois fois à Istanbul." Il a également souligné qu'il était arrêté en raison de sa victoire contre la notion selon laquelle "quiconque gagne Istanbul, gagne la Turquie".
Des foules se sont rassemblées devant le complexe judiciaire en soutien à Imamoglu, dont la détention est largement perçue comme politiquement motivée. L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a demandé aux autorités turques de laisser tomber les charges et de le libérer immédiatement.
Cependant, le gouvernement turc a rejeté les allégations d'interférence politique, affirmant que le système judiciaire est indépendant.
Imamoglu fait face à deux audiences, avec des risques de peine de prison et d'interdiction politique. La première affaire, concernant des menaces contre Gurlek, a été reportée à juin. Gurlek, ancien ministre adjoint de la justice sous Erdogan, est accusé d'agir comme une "guillotine mobile" pour cibler les opposants.
Les poursuites en cours ne sont pas liées à son arrestation du 19 mars, mais les procureurs demandent jusqu'à sept ans et quatre mois de prison pour l'affaire Gurlek.
Les manifestations ont entraîné environ 2 000 arrestations. Récemment, 185 personnes arrêtées lors des manifestations contre la détention d'Imamoglu ont été libérées ou mises en liberté sous caution. Deux journalistes ont également été libérés pour avoir enquêté sur la vente d'une station de télévision.
Les opposants accusent les procureurs de cibler les élus pour étouffer les voix dissidentes avant les élections nationales. Bien que les élections présidentielles en Turquie ne soient pas prévues avant 2028, un changement constitutionnel pourrait permettre à Erdogan de se représenter.
L'arrestation d'Imamoglu et les manifestations qui en découlent soulignent une période tumultueuse pour la Turquie. Les tensions politiques croissantes et les réactions populaires pourraient avoir des répercussions significatives sur l'avenir du pays. La situation reste à suivre de près, alors que les événements continuent de se dérouler.