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L'escroquerie mobilière qui a trompé le Palais de Versailles

Publié le : 7 juin 2025

La fraude mobilière qui a trompé le Palais de Versailles

Au début des années 2010, deux chaises ornées, prétendument appartenant au Palais de Versailles, ont fait leur apparition sur le marché des antiquités français. Considérées comme les chaises les plus chères fabriquées pour la dernière reine de France, Marie Antoinette, elles portaient le sceau de Nicolas-Quinibert Foliot, un menuisier célèbre du XVIIIe siècle. Cette découverte a été jugée significative, et les chaises ont été déclarées "trésors nationaux" par le gouvernement français en 2013, à la demande de Versailles.

Le palais, qui expose de tels objets dans sa vaste collection muséale, a manifesté un intérêt pour l'achat des chaises, mais le prix était jugé trop élevé. Elles ont finalement été vendues au prince qatari Mohammed bin Hamad Al Thani pour la somme exorbitante de 2 millions d'euros. Ces chaises faisaient partie d'un nombre remarquable de meubles royaux du XVIIIe siècle qui avaient récemment émergé sur le marché des antiquités.

Un scandale national

En 2016, cet assortiment de chaises royales a été au cœur d'un scandale national qui a secoué le monde des antiquités en France. Les chaises étaient en réalité des contrefaçons. Ce scandale a conduit à un procès impliquant Georges "Bill" Pallot, un expert en antiquités, et Bruno Desnoues, un ébéniste primé, tous deux accusés de fraude et de blanchiment d'argent après une enquête de neuf ans.

Galerie Kraemer et son directeur, Laurent Kraemer, ont également été accusés de tromperie par négligence grossière pour avoir vendu certaines de ces chaises, ce qu'ils nient. Les trois accusés doivent comparaître devant un tribunal à Pontoise, près de Paris, après un procès en mars. M. Pallot et M. Desnoues ont admis leurs crimes, tandis que M. Kraemer et sa galerie contestent l'accusation de négligence.

Un début comme une blague

Considéré comme le meilleur spécialiste des chaises françaises du XVIIIe siècle, M. Pallot a été souvent consulté par Versailles pour donner son avis d'expert sur l'authenticité des objets historiques. Son complice, M. Desnoues, était un ébéniste décoré qui avait remporté de nombreux prix prestigieux. Lors d'une audience, M. Pallot a déclaré que le plan avait commencé comme une blague en 2007 pour voir s'ils pouvaient reproduire une chaise qu'ils restauraient déjà.

Ils ont réussi à convaincre d'autres experts que c'était une chaise de l'époque. Encouragés par leur succès, ils ont commencé à en fabriquer davantage. En cour, ils ont expliqué comment M. Pallot achetait des cadres en bois à bas prix lors de ventes aux enchères, tandis que M. Desnoues vieillissait le bois dans son atelier.

Les conséquences de la fraude

Les procureurs allèguent que les deux hommes ont réalisé un bénéfice estimé à plus de 3 millions d'euros grâce à ces chaises contrefaites. Cependant, M. Pallot et M. Desnoues estiment leurs bénéfices à 700 000 euros. L'argent a été déposé sur des comptes bancaires étrangers, selon les procureurs.

Les avocats représentant Versailles ont déclaré que M. Pallot avait réussi à tromper l'institution grâce à son accès privilégié à la documentation et aux archives de Versailles. Ils ont ajouté que, grâce à sa connaissance approfondie des inventaires de meubles royaux, il a pu déterminer quels objets manquaient et les reproduire avec l'aide de M. Desnoues.

Un besoin de régulation

Le procès a mis en lumière la nécessité d'une régulation plus stricte du marché de l'art et a souligné les normes que les antiquaires devraient respecter. Les autorités ont été alertées par le style de vie extravagant d'un homme portugais, ce qui a conduit à l'enquête. Ce dernier a avoué son rôle en tant qu'intermédiaire dans la fraude mobilière.

Bien que certaines charges aient été abandonnées contre des intermédiaires, celles contre Laurent Kraemer et la Galerie Kraemer ont été maintenues. Les procureurs soutiennent que, malgré le fait que la galerie ait pu être dupée, M. Kraemer a fait preuve de négligence grossière en ne vérifiant pas l'authenticité des objets avant de les vendre à des collectionneurs.

Conclusion

Ce scandale a mis en lumière les vulnérabilités du marché des antiquités et l'importance d'une vigilance accrue. Le Palais de Versailles et d'autres institutions doivent maintenant faire face à des défis pour restaurer leur réputation après avoir été trompés par des experts en qui ils avaient confiance. La fraude mobilière a non seulement affecté les collectionneurs, mais a également soulevé des questions sur l'intégrité du marché de l'art en France.

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