À La Rochelle, en Charente-Maritime, l'Espace Intermondes présente une exposition poignante. Parmi les objets exposés, un nounours ayant appartenu aux enfants de Jean-Paul Bounine et Monique attire l'attention. Leur résidence secondaire à La Faute-sur-Mer a été rasée après une inondation dévastatrice.
Mireille Guillet partage un souvenir douloureux : « Ce réveil appartenait à ma maman. Il s’est arrêté à 3h50 et symbolise le moment où sa vie a basculé. » Sa mère, Maggie, a perdu la vie lors de la tempête Xynthia en février 2010. Ce projet, intitulé « Submersion et résilience : la mémoire de Xynthia », vise à préserver la mémoire des victimes.
Depuis plusieurs années, l’association Cronos collecte des témoignages et des documents liés à ce drame tragique. Ce travail a fait l’objet d’une exposition émouvante, visible jusqu’au 12 décembre, à l’Espace Intermondes, une ville qui a pris des mesures pour se protéger des risques de submersion.
Plus de soixante témoignages ont été recueillis à ce jour. Environ cinquante objets ayant appartenu à des victimes ont été collectés, ainsi que plus de 9000 photos. Yann Leborgne, géographe et coordinateur de l’association, souligne l’importance de ces souvenirs dans l’exposition immersive.
Les objets, bien que semblant anodins, révèlent une puissance mémorielle étonnante. Mireille Guillet témoigne : « Je n’ai jamais pu le jeter, j’avais besoin de le garder. » Ce réveil, couvert de boue, est resté dans son garage pendant 14 ans.
Jean-Paul Bounine et Monique ont également perdu leur maison à La Faute-sur-Mer. Inondée « du sol au plafond », elle a été détruite. Parmi les rares objets récupérés, deux peluches ont une grande valeur sentimentale. L'une a été offerte pour le 20e anniversaire de leur fille, l'autre achetée en URSS pour leur fils en 1985.
Les retraités affirment avoir « besoin de ne pas oublier » et soulignent l'importance de conserver ces souvenirs. La mémoire collective est essentielle face aux risques de submersion marine.
L'association Cronos continue de recueillir des témoignages. Cet automne, des rencontres avec les pompiers vendéens, intervenus durant la tempête Xynthia, sont prévues. Yann Leborgne espère également créer une médiathèque numérique dédiée à ce drame d'ici fin 2026.
Cette plateforme permettra de consulter des témoignages et des documents liés à la tempête. Elle servira d'outil pédagogique pour sensibiliser aux risques de submersion. Yann Leborgne recherche également d'autres lieux pour présenter l’exposition.
Mireille Guillet conclut : « Ce réveil – comme les autres objets – peut véhiculer des messages. Il est crucial d'entretenir la mémoire de nos proches et de transmettre leur histoire. » L'exposition à La Rochelle est un hommage à toutes les victimes de la tempête Xynthia et un appel à la résilience.