La crise du logement en Espagne prend une nouvelle tournure. Selon le dernier rapport du Conseil Général du Pouvoir Judiciaire (CGPJ), les statistiques révèlent une augmentation alarmante des expulsions liées au non-paiement des loyers. En 2024, le nombre de ces expulsions a augmenté de 4,5% par rapport à 2023, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes.
Les données indiquent que, bien que les expulsions pour non-paiement de prêts hypothécaires aient diminué de 3,6%, la situation des loyers est préoccupante. Les experts signalent que cette baisse des expulsions hypothécaires est liée aux garanties bancaires mises en place après la crise de 2008, ce qui limite les défauts de paiement.
Rafael Pampillón, professeur d’économie, souligne que la tendance à l'augmentation des expulsions pour loyers impayés pourrait se poursuivre. Il prédit que "cela va continuer à augmenter en 2025", en raison de la hausse continue des prix des loyers et des tensions sur le marché locatif.
Les statistiques du CGPJ montrent que la Catalogne est en tête des expulsions liées aux loyers, avec 5.539 cas. Suivent l'Andalousie, la Communauté Valencienne et Madrid. Concernant les expulsions dues aux prêts hypothécaires, la Catalogne occupe également la première place avec 1.121 cas.
Un autre fait marquant est la réduction de 25,7% des logements disponibles à la location en Catalogne, où près de 40.000 appartements ont disparu du marché en raison de la loi sur le logement. Cette situation complique encore plus l'accès au logement pour les locataires.
Massimo Cermelli, expert en économie, explique que les mesures visant à plafonner les loyers peuvent avoir des effets pervers. "Les propriétaires peuvent décider de retirer leurs biens du marché", dit-il. Cela entraîne une instabilité sur le marché immobilier, où les logements disponibles se raréfient.
Il souligne également que la majorité des logements disponibles sont des chambres à louer, tandis que de nombreux biens sont détournés vers des locations touristiques. Cela crée des écarts supplémentaires dans une situation déjà tendue.
Cermelli et Pampillón s'accordent à dire que la solution réside dans la construction de nouveaux logements. Pampillón insiste sur le besoin d'un cadre légal clair pour les promoteurs immobiliers, afin de faciliter la construction de nouveaux biens. "L'origine du problème est l'offre", affirme-t-il.
Les experts recommandent de soutenir les constructeurs en leur fournissant des terrains disponibles et en simplifiant les procédures administratives. Cela pourrait contribuer à augmenter le parc de logements disponibles et à stabiliser le marché.
Le même jour que la publication des données du CGPJ, l'Institut National de Statistique (INE) a annoncé une révision des loyers. À partir de maintenant, les loyers peuvent augmenter jusqu'à 2,08%. Les portails immobiliers indiquent que les loyers continuent d'augmenter à un rythme à deux chiffres.
Selon Idealista, l'augmentation des loyers a atteint 11% en février, atteignant un prix record de 14 euros par mètre carré en Espagne. Cette tendance soulève des inquiétudes pour l'avenir du marché locatif.
La crise du logement en Espagne est une réalité complexe, marquée par une augmentation des expulsions pour loyers impayés. Les experts s'accordent à dire que des solutions durables passent par la construction de nouveaux logements et une régulation adaptée du marché. Sans action, la situation risque de se détériorer davantage dans les années à venir.