Les tarifs américains sont-ils en train de ramener la fabrication au Canada ? C'est une question qui suscite de nombreux débats. Les mesures économiques imposées par Donald Trump ont déclenché une guerre commerciale, incitant certains Canadiens à se tourner vers des produits locaux. Les entreprises doivent maintenant choisir entre l'incertitude ou le retour à la maison.
Joanna Goodman, propriétaire d'Au Lit Fine Linens, une entreprise de literie à Toronto, exprime sa frustration. Elle déclare : "Je suis un peu en colère. Je ne veux pas investir dans des entreprises américaines." Cette situation pousse plusieurs entreprises à reconsidérer leurs relations commerciales avec les États-Unis.
Dans ses magasins, elle met en avant des produits fabriqués au Canada. La boutique affiche désormais une section dédiée aux articles made in Canada, renforçant son engagement envers les fabricants locaux. Cependant, une partie de son stock provient encore des États-Unis, ce qui complique ses décisions futures.
Le reshoring, ou le retour des opérations commerciales sur le sol national, émerge comme une tendance. Sandra Pupatello, ancienne ministre du Développement économique en Ontario, souligne l'importance de cette stratégie, surtout après la pandémie de Covid-19. Elle a fondé Reshoring Canada pour promouvoir une chaîne d'approvisionnement plus résiliente.
Pupatello affirme : "Si les temps deviennent durs, le Canada est seul." Cette prise de conscience incite les entreprises à envisager des solutions durables et à se préparer à l'avenir.
Malgré les signes encourageants, un rapport gouvernemental canadien de l'année dernière indique qu'il n'y a pas eu d'augmentation notable du reshoring. Ray Brougham, fondateur de Rainhouse Manufacturing Canada, note un intérêt croissant des entreprises canadiennes pour collaborer. Cela pourrait signaler un changement dans l'industrie automobile.
Cependant, des défis subsistent. L'industrie automobile, par exemple, est hautement intégrée et nécessiterait des investissements massifs pour se restructurer. L'économiste Randall Bartlett souligne que le chemin vers le reshoring est encore semé d'embûches.
Pour certains, le reshoring représente une chance d'ajouter de la valeur aux produits canadiens. Graham Markham, directeur de New Protein International, travaille sur la construction d'une usine de transformation de protéines de soja. Il déclare : "Nous devons traiter ces ingrédients ici au Canada." Cela pourrait transformer la manière dont le Canada se positionne sur le marché mondial.
Il est crucial d'explorer les ressources naturelles et de développer des industries où le Canada a un avantage comparatif. Cela inclut l'énergie renouvelable et le traitement de l'acier et de l'aluminium, deux secteurs impactés par les tarifs américains.
Alors, la fabrication peut-elle revenir au Canada ? Bien que des signes positifs émergent, il est encore trop tôt pour le dire. Joanna Goodman attend de voir comment les choses évolueront avant de prendre des décisions. Comme beaucoup d'entreprises canadiennes, elle reste prudente face à l'incertitude des tarifs et de l'avenir du commerce.