Le minimalisme est souvent défini par sa capacité à provoquer. Ce n'est pas seulement ce qui est visible, mais plutôt ce que le spectateur imagine autour de ce qu'il contemple. En fin de compte, c'est celui qui regarde, et non l'artiste, qui construit la partie la plus profonde de l'œuvre.
Dans son film La bonne lettre, Celia Rico Clavellino illustre parfaitement cette tendance minimaliste. Elle a su composer et mûrir cette approche à travers ses œuvres précédentes comme Voyage au Quatrième d'une Mère et Les Petits Amours. Dans ces films, le silence profond qui entoure les conversations entre une mère et sa fille est primordial.
Ce qui importe, c'est la partie cachée des souffrances vécues. La nouvelle œuvre de la réalisatrice, récemment présentée à Málaga, explore le silence d'une génération entière de femmes ayant vécu sous le régime franquiste. Elle laisse le spectateur assembler les pièces éparses, invitant à compléter ce qu'il voit avec des souvenirs personnels.
Dans le film Las chicas del balcón, inspiré de la novelle de Rafael Chirbes, l'histoire se déroule dans un village valencien après la guerre. Le personnage interprété par Loreto Mauleón s'efforce d'instaurer une normalité dans un contexte de terreur silencieuse. Elle incarne le centre de la narration, sacrifiant tout sans jamais se faire entendre.
Son mari, joué par Roger Casamajor, accepte l'humiliation pour survivre, tandis que son beau-frère, Enriq Auquer, choisit de fuir cette humiliation. Tous ont perdu, et dans le silence, ils communiquent leur douleur. Le film montre comment le personnage de Mauleón, témoin d'un sacrifice continu, reste invisible mais essentiel à l'histoire.
La réalisatrice construit son film avec une approche minimaliste, se concentrant sur les détails à peine visibles. La protagoniste s'active dans l'ombre, tandis que l'action, souvent centrée sur les hommes, avance sans but précis. C'est dans ce second plan que La bonne lettre trouve sa force.
Cependant, le film souffre parfois d'une narration erratique, perdant de vue son propre propos minimaliste. Cela peut créer une confusion chez le spectateur, mais l'œuvre reste une proposition provocante et intime, refusant l'oubli comme objectif principal.
La section officielle du festival a également présenté Sorda, d'Eva Libertad, qui a été acclamé à la Berlinale. Ce film offre une vision brillante et surprenante d'un cinéma conscient de sa propre sourdine. L'intention n'est pas que le spectateur se bouche les oreilles, mais qu'il prenne conscience de son écoute.
En revanche, Jone, parfois de Sara Fantova, explore une approche sensuelle et intense. L'histoire suit une protagoniste confrontée à la perte de sa mère et au déclin de son père. Cette œuvre, à travers ses contrastes, propose un cinéma vibrant et profondément existentiel.
En résumé, le minimalisme dans le cinéma ne signifie pas petitesse, mais plutôt une exploration profonde et intime de la condition humaine. Les films présentés, tels que La bonne lettre et Las chicas del balcón, illustrent cette approche avec brio, invitant le spectateur à réfléchir et à ressentir au-delà des mots.