Le procès d'Émilie G., 33 ans, soulève des questions éthiques et juridiques. Elle est accusée d'avoir tué son grand-père de 95 ans en mettant le feu à son lit. Ce geste, perçu par certains comme un acte d'amour, est jugé par d'autres comme un acte cruel. Le procès en appel commence à Bourg-en-Bresse.
En août 2020, le grand-père d'Émilie G. a été retrouvé mort dans un état tragique. La victime, grabataire, a été brûlée et asphyxiée dans son lit médicalisé. Émilie, qui s'occupait régulièrement de lui, a été placée en garde à vue deux mois après les faits. Elle a alors reconnu avoir tué son aîné.
Lors de son premier procès, Émilie a plaidé qu'elle avait agi par amour pour abréger les souffrances de son grand-père. Les jurés, bien que la reconnaissant coupable, lui ont infligé une peine de cinq ans de prison avec sursis. Le parquet, estimant que c'était un acte cruel, a fait appel.
Selon un expert psychiatrique, Émilie G. était dans un état dissociatif au moment des faits, ce qui a altéré son discernement. Son avocat, Me Thibaud Claus, souligne qu'elle était accablée par des symptômes dépressifs et la dégradation de la santé de son grand-père, qu'elle considérait comme un père.
Émilie a découvert son grand-père dans un état de quasi-abandon, ce qui l’a profondément choquée. Elle a alors décidé de le retirer de la résidence médicalisée, espérant améliorer sa qualité de vie. Cependant, cette situation a été exacerbée par des problèmes personnels, notamment l’adultère de son conjoint.
Le 23 août 2020, après avoir appris l'infidélité de son compagnon, Émilie a pris la décision tragique de mettre le feu au lit de son grand-père. Elle a apporté un bidon d'essence, expliquant qu'elle n'avait pas voulu le brûler, mais simplement l'asphyxier. Ce choix a été décrit comme un acte désespéré.
Lors de son témoignage, elle a admis avoir versé de l'essence de manière hésitante. Cependant, l'expertise a révélé un dépôt minutieux de carburant. Elle a ensuite allumé une feuille enflammée, laissant son grand-père piégé, agonisant pendant plusieurs minutes.
L'avocat général, Romain Ducrocq, a qualifié cet acte de cruel et égoïste, remettant en question la dignité de la mort de la victime. Pour lui, ce geste était une façon pour Émilie d’exorciser ses propres frustrations. Il s'est interrogé sur la dignité de son grand-père au moment de sa mort.
Malgré cela, la famille d'Émilie reste solidaire. Ils estiment qu'elle a eu le courage de passer à l'acte dans une situation désespérée. Ce procès en appel pourrait établir des précédents importants sur la question de l'assistance à mourir.
Le procès d'Émilie G. met en lumière des enjeux complexes autour de l'euthanasie et des choix difficiles en fin de vie. Alors que les débats se poursuivent, la société doit réfléchir à la manière dont elle aborde ces questions délicates. Ce cas soulève des interrogations sur la nature humaine et le système judiciaire.